Damas, 21 décembre 2024 – Le gouvernement intérimaire syrien a nommé ce samedi Assâad Al-Chibani comme nouveau ministre des Affaires étrangères. Ce dernier aura pour mission principale de rétablir les liens rompus avec l’Occident par le régime de Bachar al-Assad, de lever les sanctions et de contribuer à la reconstruction de la Syrie.
Le bureau politique de la nouvelle administration syrienne a annoncé sa nomination dans un bref message, accompagné d’une photographie officielle en costume-cravate.
Ainsi, le nouveau gouvernement syrien – en place jusqu’au 1er mars prochain – se dessine depuis que Mohamed al Bashir a été nommé Premier ministre par intérim, quelques jours après la chute d’Al Assad, le 8 décembre, par une coalition islamiste insurgée dirigée par l’Organisation de libération du Levant (Hayat Tahrir al Sham ou HTS, en arabe), héritière de la branche syrienne d’Al-Qaïda.
Né en 1987 dans la province d’Al Hasaka, au nord-est de la Syrie, il s’est installé à Damas, où il a obtenu en 2009 un diplôme en littérature anglaise à la Faculté des lettres et des sciences humaines, selon le programme partagé par le ministère syrien des Affaires étrangères.
Concernant sa formation, il a obtenu une maîtrise en sciences politiques et affaires étrangères de l’Université Sabahattin Zaim en Turquie en 2022, et un doctorat dans la même spécialité en 2024, comme le montre l’image de sa biographie.
Il a rejoint les révoltes populaires de 2011 contre Al Assad, dans le cadre du soi-disant « Printemps arabe », et « a été témoin de toutes ses phases », selon le ministère des Affaires étrangères.
Connu sous le pseudonyme de Zaid al Attar, il était depuis 2017 chef du département des affaires politiques du gouvernement de salut, l’autorité établie à Idlib, au nord-ouest de la Syrie et ancien bastion de l’opposition – une zone qui échappait au contrôle du régime d’Al Assad –, et a participé à sa fondation.
Le Gouvernement de Salut est une administration créée en 2017 à Idlib, une sorte de branche politique du HTS qui a depuis imposé son pouvoir dans cette province et était en charge des affaires des Syriens qui ne pouvaient pas retourner dans les zones du régime.
C’est la première fois que son vrai nom est connu puisqu’il a adopté auparavant plusieurs pseudonymes comme Zaid al Attar lui-même ou Abu Aisha, entre autres.
Homme de confiance d’Ahmed al Sharaa, le nouveau leader de l’administration syrienne et qui dirige HTS, Al-Chibani est à ses côtés ces derniers jours à la tête des contacts internationaux.
En fait, Al-Chibani a déjà eu des réunions avec Al Sharaa avec des délégations diplomatiques en visite à Damas, comme celle allemande.
Justement, désormais en tant que nouveau ministre des Affaires étrangères, il aura la lourde tâche de récupérer tout ce qui avait été détruit auparavant par le régime d’Al Assad.
Tout d’abord, elle devra rétablir ses relations diplomatiques avec l’Occident et d’autres pays qui ont décidé de rompre leurs liens avec la Syrie.
Cette étape est franchie avec une certaine rapidité, puisque certains pays, comme la France ou l’Allemagne, ont déjà rouvert leurs ambassades à Damas après avoir envoyé des missions diplomatiques rencontrer les nouvelles autorités.
Auparavant directeur des affaires politiques du gouvernement de salut, Al Al-Chibani a rencontré des responsables des agences de l’ONU et des principales organisations étrangères opérant à Idlib, ainsi que des représentants politiques et diplomatiques, entre autres, a rapporté la télévision syrienne désormais contrôlée par l’opposition.
Deuxièmement, il assume le portefeuille des Affaires étrangères en espérant que cette future reprise des relations contribuera à reprendre le dialogue avec les interlocuteurs internationaux pour soutenir la transition.
Les principaux objectifs sont que les États-Unis, l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni et d’autres lèvent les sanctions imposées qui ont gravement endommagé l’économie syrienne et reconstruisent un pays dévasté par près de 14 ans de conflit qui attend plus de 6 millions de personnes de réfugiés qui ont fui de différentes manières, des milliers d’entre eux mourant en mer.