À moins d’un mois des élections législatives prévues pour le 11 novembre 2025, l’Irak est secoué par un drame politique majeur. Safaa al-Mashhadani, candidat au Parlement et membre du conseil provincial de Bagdad, a été assassiné dans l’explosion d’une bombe collante placée sous sa voiture à Tarmiyé, à environ 40 kilomètres au nord de la capitale. L’attentat, survenu à l’aube du mercredi 15 octobre, a également grièvement blessé trois de ses gardes du corps. Cet assassinat, le premier d’un candidat dans le cadre de cette campagne électorale, marque un tournant inquiétant pour le processus démocratique irakien, déjà fragilisé par des tensions sécuritaires et confessionnelles.
L’explosion a eu lieu dans une zone semi-urbaine de Tarmiyé, une ville connue pour avoir été un foyer d’activités de groupes armés et de cellules terroristes par le passé. Selon une source sécuritaire, l’engin explosif, qualifié de « bombe collante », a été fixé sous le véhicule de Safaa al-Mashhadani, indiquant une attaque ciblée et planifiée. Cette méthode, souvent utilisée par des groupes extrémistes, reflète la persistance de menaces sécuritaires dans la région de Bagdad, malgré les efforts des autorités pour stabiliser le pays.
Safaa al-Mashhadani était membre de l’Alliance pour la souveraineté, une coalition sunnite dirigée par l’homme d’affaires Khamis al-Khanjar et le président du Parlement, Mahmoud al-Mashhadani. La coalition a immédiatement réagi, dénonçant un « crime lâche » et une « extension de l’approche d’exclusion et de trahison menée par les forces armées incontrôlées et les réseaux terroristes ». Dans leur communiqué, les leaders de l’alliance ont rendu hommage au défunt, soulignant qu’il « s’était battu pour son peuple et sa ville contre le terrorisme, gagnant l’estime et l’affection de tous ».
Face à cet acte de violence, les institutions irakiennes ont rapidement réagi. Le Parlement, dirigé par Mahmoud al-Mashhadani, a annoncé la création d’une commission spéciale pour enquêter sur les circonstances exactes de l’attentat et identifier les responsables. Parallèlement, le Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani a ordonné la formation d’un groupe de travail criminel pour faire la lumière sur ce qu’il a qualifié de « martyre du candidat Safaa al-Mashhadani ». Ces mesures traduisent l’urgence de protéger le processus électoral et de rassurer les candidats et les électeurs face à la menace de nouvelles violences.
Le gouvernement irakien est désormais confronté à un défi de taille : garantir la sécurité des 7 768 candidats en lice, dont 2 248 femmes, et des 21 millions d’électeurs inscrits pour le scrutin. La Commission électorale, déjà sous pression pour organiser un vote transparent, doit également composer avec un climat de méfiance exacerbé par cet assassinat.
Les élections législatives de novembre 2025, sixième scrutin depuis l’invasion américaine de 2003, sont un moment clé pour l’Irak, un pays toujours marqué par les fractures confessionnelles et les rivalités politiques. Le Parlement, composé de 329 sièges, est dominé par des partis chiites pro-iraniens, tandis que les coalitions sunnites, comme l’Alliance pour la souveraineté, et les partis kurdes jouent un rôle stratégique, bien que minoritaire.
Le système politique irakien repose sur un partage du pouvoir confessionnel : le Premier ministre est traditionnellement chiite, le président kurde et le président du Parlement sunnite. Cette configuration, conçue pour garantir une représentation équilibrée, alimente souvent des tensions entre communautés. Ces rivalités sont encore aggravées par la présence de milices armées et de groupes extrémistes, qui cherchent à influencer le processus politique par des actes de violence ciblée.
.L’Alliance pour la souveraineté a appelé les autorités de Bagdad à assumer pleinement leur responsabilité dans la protection des candidats et à mener une enquête transparente pour traduire les auteurs en justice. Cette demande reflète une inquiétude croissante quant à la capacité du gouvernement à neutraliser les menaces pesant sur le processus électoral.
L’assassinat a suscité des condamnations au-delà des frontières irakiennes. L’ambassadeur britannique en Irak, Irfan Siddiq, a réagi sur les réseaux sociaux, déclarant : « La violence contre les candidats politiques nuit à la démocratie irakienne. Les auteurs de cet assassinat doivent répondre de leurs actes. L’Irak a besoin de stabilité et d’une progression pacifique vers les élections. » D’autres partenaires internationaux de l’Irak, bien que n’ayant pas encore réagi officiellement, devraient également appeler à une enquête approfondie et à des mesures renforcées pour protéger le scrutin.