Le 13 décembre 2025, l’armée israélienne a annoncé avoir éliminé Raed Saad (également orthographié Raad Sa’ad ou Ra’ad Sa’ad), un des plus hauts commandants des Brigades al-Qassam, l’aile armée du Hamas. Considéré comme le numéro deux ou l’un des derniers cadres militaires seniors encore en vie dans la bande de Gaza, Saad était accusé par Israël d’être l’un des architectes de l’attaque du 7 octobre 2023 et de diriger les efforts de reconstruction des capacités armées du Hamas, en violation flagrante du cessez-le-feu entré en vigueur en octobre 2025.
La frappe aérienne, menée par un drone, a visé un véhicule circulant sur la route côtière al-Rashid, près du rond-point Nabulsi ou dans le quartier de Tal al-Hawa à Gaza-Ville. Selon les autorités palestiniennes, l’attaque a tué au moins quatre à cinq personnes – dont Saad et plusieurs de ses compagnons – et blessé plus de 25 autres. Les corps calcinés ont été transférés à l’hôpital al-Shifa, où des scènes de chaos ont été rapportées. Israël a justifié cette opération comme une réponse directe à l’explosion d’un engin piégé plus tôt dans la journée, qui avait légèrement blessé deux soldats réservistes dans le sud de la bande de Gaza.
Raed Saad, né en 1972, était une figure vétéran du Hamas. Il avait rejoint le mouvement en 2005, participé aux deux Intifadas, et occupé des postes clés : commandant de la brigade de Gaza-Ville, responsable de la production d’armements, et fondateur de l' »académie militaire » du groupe. Selon des sources israéliennes et arabes, il avait contribué à développer des stratégies comme les attaques transfrontalières et le plan « Mur de Jéricho », précurseur de l’assaut du 7 octobre. Passé proche de figures éliminées comme Mohammed Deif ou Marwan Issa, Saad avait survécu à plusieurs tentatives d’assassinat pendant la guerre et opérait souvent depuis les tunnels souterrains. Sa mort représente le coup le plus significatif porté au Hamas depuis le début de la trêve, affaiblissant durablement sa chaîne de commandement militaire.
Le Hamas a initialement condamné l’attaque comme une « violation criminelle délibérée » du cessez-le-feu, sans confirmer l’identité de la cible. Le lendemain, le 14 décembre, Khalil al-Hayya, haut responsable du Hamas à Gaza, a reconnu la mort de Raed Saad lors d’un discours télévisé marquant le 38e anniversaire du mouvement. Il a accusé Israël de saper l’accord et appelé les médiateurs, notamment les États-Unis, à forcer Israël au respect de la trêve. Des funérailles ont eu lieu à Gaza-Ville, avec des milliers de personnes portant des drapeaux verts du Hamas, dans une rare démonstration publique de force depuis octobre.
Ce cessez-le-feu, négocié sous mediation américaine et entré en vigueur il y a deux mois, reste extrêmement précaire. Israël accuse le Hamas de tentatives de réarmement et d’attaques sporadiques, tandis que les autorités palestiniennes dénoncent des centaines de frappes israéliennes et un blocage partiel de l’aide humanitaire depuis octobre. La phase actuelle prévoit des échanges d’otages et une augmentation de l’aide, mais la transition vers une seconde phase – incluant un retrait israélien total, un désarmement et une gouvernance internationale – semble compromise. Israël conditionne les progrès à la restitution des derniers otages, dont les restes de Ran Gvili.
Parallèlement, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté le 12 décembre une résolution exigeant d’Israël un accès humanitaire illimité à Gaza et le respect du droit international en tant que puissance occupante. Malgré ces tensions, la trêve tient globalement, permettant un retour partiel de populations et une augmentation des convois d’aide, bien que la situation humanitaire reste catastrophique après plus de deux ans de guerre.
L’élimination de Raed Saad illustre les défis persistants : pour Israël, c’est une opération défensive contre une menace terroriste ; pour le Hamas et les Palestiniens, une provocation risquant de relancer les hostilités. Alors que la communauté internationale presse pour une paix durable, cet incident met à rude épreuve la stabilité de l’accord et soulève des questions sur l’avenir de Gaza.


























