Le président Abdelmadjid Tebboune a décerné, dimanche, la médaille de l’Ordre du mérite national au rang « Athir » à Salah Goudjil, président du Conseil de la nation, alors que ce dernier s’apprête à quitter ses fonctions. Si cette distinction est officiellement présentée comme un hommage à la carrière de Goudjil, moudjahid et figure du FLN, elle apparaît davantage comme une manœuvre cynique visant à écarter une personnalité influente sous le couvert d’un geste honorifique. Cette décision soulève une critique acerbe quant aux intentions réelles de Tebboune et à la manière dont il gère les figures historiques de l’Algérie.
L’attribution de cette médaille peut être vue comme une tentative maladroite de masquer une éviction politique. À 94 ans, Salah Goudjil, malgré son âge avancé, reste un symbole respecté de la lutte de libération et un acteur clé du système FLN, dont l’influence gêne peut-être les ambitions de Tebboune de centraliser le pouvoir. En le décorant tout en le poussant vers la sortie, Tebboune semble chercher à neutraliser une figure encombrante sans s’aliéner les cercles traditionalistes du FLN et les moudjahidine. Cette stratégie, loin d’être un hommage sincère, frôle l’hypocrisie, utilisant le prestige de Goudjil pour polir l’image du président.
De plus, cette mise à la retraite déguisée révèle une approche opportuniste. Tebboune, confronté aux pressions du Hirak et aux attentes de renouvellement politique, semble vouloir se débarrasser des vestiges de l’ancien régime tout en évitant un affront direct. Offrir une médaille à Goudjil n’est qu’un écran de fumée pour dissimuler une purge progressive des figures historiques, au profit d’une nouvelle élite plus docile à ses directives. Cette tactique manque de transparence et trahit une volonté de manipuler l’opinion publique en s’appuyant sur le respect dû aux moudjahidine.
Enfin, cette décision reflète une gestion autoritaire du pouvoir, où les institutions comme le Conseil de la nation servent davantage les intérêts personnels de Tebboune que l’intérêt national. Écarter Goudjil, sous prétexte d’un hommage, prive l’Algérie d’une voix expérimentée, au moment où la stabilité politique exige un équilibre entre renouvellement et respect des figures historiques. Cette action risque de renforcer le sentiment de méfiance envers un pouvoir qui privilégie les calculs politiques à la reconnaissance véritable des héros de l’indépendance.