Les prix du pétrole ont enregistré une nouvelle baisse significative ce jeudi, plombés par les signaux en provenance de l’OPEP+ concernant un éventuel assouplissement des réductions volontaires de production dès le mois de juillet. Alors que les marchés tablaient sur une poursuite de la politique de soutien des cours, les discussions internes entre les membres de l’alliance ont ravivé les craintes d’un déséquilibre entre l’offre et la demande.
Selon les dernières données relayées par Reuters, le Brent de la mer du Nord a chuté de 90 cents (-1,4 %), s’établissant à 64,10 dollars le baril à 10h GMT. De son côté, le WTI américain a reculé de 85 cents, pour atteindre 60,72 dollars le baril. Cette baisse intervient après un article de Bloomberg News révélant que huit membres de l’OPEP+ examinent une hausse potentielle de la production de 415 000 barils par jour dès juillet, bien qu’aucun accord final n’ait encore été annoncé.
Si elle se confirme, cette réorientation stratégique marquerait un tournant important pour l’OPEP+, qui jusqu’alors s’était efforcée de stabiliser les prix du brut à travers des réductions volontaires, visant à contenir une offre excédentaire et à soutenir les revenus des pays producteurs. Pour Harry Chiliguirian, analyste chez Onyx Investment Group, « le marché interprète ces signaux comme une volonté de l’alliance de préserver sa part de marché, même au prix d’une pression sur les cours. »
Cette dynamique pourrait s’expliquer par les perspectives de demande énergétique plus faibles que prévu, couplées à une hausse des stocks de pétrole dans plusieurs grandes économies. En effet, selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), les stocks de brut aux États-Unis ont augmenté de 1,3 million de barils au cours de la semaine du 16 mai, atteignant un total de 443,2 millions de barils, à rebours des prévisions qui anticipaient une baisse similaire.
Cette hausse inattendue des stocks, combinée à un possible relâchement de la discipline au sein de l’OPEP+, alimente la nervosité des marchés. Selon Emreil Jamil, analyste au London Stock Exchange Financial Group, cette situation pourrait « accentuer la pression à la baisse sur le WTI, renforcer les exportations américaines, et perturber les équilibres entre les marchés asiatiques et européens. »
Par ailleurs, la hausse des rendements obligataires américains à 10 ans est interprétée comme un signal d’un ralentissement potentiel de la demande, accentuant encore la pression sur les cours du brut.
À quelques semaines de la prochaine réunion de l’OPEP+, prévue pour début juin, les marchés restent dans l’expectative. Toute modification formelle du programme de réduction des quotas pourrait redessiner les trajectoires de prix à court terme. Entre objectifs budgétaires nationaux, guerre des parts de marché et incertitudes macroéconomiques mondiales, les acteurs du secteur devront naviguer avec prudence dans une conjoncture marquée par une volatilité croissante.