Tebboune a remplacé les ministres de l’Énergie et des Finances suite à une forte baisse des revenus de la production pétrolière et gazière après des années de déficits budgétaires.
Selon la télévision algérienne, l’ancien PDG de la compagnie pétrolière publique Sonatrach, Abdelmadjid Attar, avait été nommé ministre de l’énergie, tandis que le gouverneur de la banque centrale, Ayman Benabderrahmane, ministre des finances.
Le remaniement partiel du gouvernement n’a eu lieu que six mois après la formation du nouvel exécutif, annoncé par le président Abdelmadjid Tebboune dans la soirée du 2 juin, et s’inscrit dans un climat de grandes tensions politiques.
Déjà affectée par des années de revenus plus faibles en raison de l’effondrement des prix du pétrole, de l’augmentation de la consommation intérieure et de la concurrence accrue pour le gaz en Europe, l’Algérie souffre désormais d’une nouvelle chute du marché de l’énergie provoquée par la pandémie mondiale.
L’économie algérienne a subi un net ralentissement fin 2019, avec une croissance annuelle ralentie à 0,2% au quatrième trimestre contre 1,3% au troisième trimestre. Dans l’ensemble, l’expansion économique en 2019 s’est arrêtée à 0,8%, un creux historique depuis environ 25 ans. Cela est principalement dû au fait que l’Algérie il dépend largement des hydrocarbures et des cours mondiaux du pétrole et du gaz, et une contraction importante du secteur pétrolier, avec une forte baisse de l’activité de raffinage, a contribué à une décélération plus marquée au quatrième trimestre 2019. Les exportations de biens et services ont baissé de 6,4% au premier trimestre 2019, en raison de la baisse des exportations d’hydrocarbures due à l’augmentation de la demande intérieure et à la stagnation de la production. Au contraire, les importations de biens et services ont augmenté de 4,1% malgré le ralentissement de l’économie ayant créé un déficit commercial plus important.
Les déficits primaire et budgétaire se sont, atteignant respectivement 7,6% et 4,9% du PIB.
Le taux de chômage est d’environ 11% et la croissance du PIB réel par habitant stagne. À cela s’ajoute un taux de participation active à la main-d’œuvre de seulement 41% – trop faible pour le profil démographique de la population – une indication claire de la présence une économie informelle considérable, généralement associée à des emplois à très faible valeur ajoutée et à des salaires modestes et instables.
C’est une image essentiellement conforme au reste des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, mais les problèmes critiques sont encore exacerbés par le profil « mono-sectoriel » susmentionné de l’économie algérienne. Le secteur des hydrocarbures est en fait à forte intensité de capital mais avec une capacité limitée à absorber la main-d’œuvre, qui est principalement employée dans l’agriculture et les services à faible productivité; en particulier, l’administration publique a agi jusqu’à il y a quelques années comme un « employeur de dernier recours », souvent pour calmer les tensions et les protestations. L’industrie a un rôle assez limité dans l’économie algérienne, conséquence d’une série d’échecs de politique économique dans les décennies qui ont suivi la fin de la guerre d’indépendance. Conformément aux recettes économiques adoptées dans les années 60 et 70 par de nombreuses anciennes colonies projetées vers le développement et la modernité, l’Algérie a appliqué une politique d’ industrialisation de base massive qui s’est vite avérée insuffisante par rapport aux attentes; dans le même temps, les efforts de différenciation de l’économie en faveur des secteurs les plus productifs ont fini par être balayés par le poids croissant du secteur des hydrocarbures, qui est rapidement devenu l’une des principales sources de puissance économique des élites algériennes.
Outre les distorsions économiques évoquées ci-dessus, , le pétrole et le gaz (contrôlés par la société d’État Sonatrach) ont précisément contribué à alimenter , le soi-disant pouvoir , qui s’est accumulé au cours des grandes années capital, ne redistribuant qu’une partie limitée des revenus sans créer la base d’une économie diversifiée et solide. Le pouvoir, en fait composé de Sonatrach, chefs de l’armée et des services de renseignement, gère les grands flux économiques, dans un équilibre délicat d’alliances et de rivalités qui gravite autour du président Abdelaziz Bouteflika et qui, comme en témoigne le choix du cinquième mandat, à ce jour, il n’a pas d’autre visage à offrir à la vie publique du pays. Comme le suggèrent clairement de nombreux cartels et slogans agités pendant les manifestations, c’est précisément contre la grande corruption que la colère populaire s’est déchaînée, responsable d’avoir volé de grandes ressources à la population algérienne au profit de quelques-uns.
En ce qui concerne les prévisions pour 2020, l’environnement économique risque de se dégrader sensiblement, les mesures de blocage dues aux coronavirus ayant freiné la demande intérieure, tandis que les coupes de la production pétrolière de l’OPEP + et l’effondrement des prix du pétrole ont pesant sur le secteur extérieur.