Une série d’attaques violentes orchestrées par des militants séparatistes dans la province agitée du Baloutchistan, au Pakistan, a causé la mort d’au moins 73 personnes, dont 38 civils. Les militants ont ciblé des commissariats de police, des infrastructures ferroviaires et des routes principales, entraînant une suspension significative du trafic ferroviaire après l’explosion d’un pont crucial reliant Quetta. La réponse des forces de sécurité a également fait des victimes, et les autorités locales ont restreint les services Internet mobiles pour limiter la coordination des insurgés.
L’armée pakistanaise a déclaré que 14 soldats et policiers ainsi que 21 militants avaient été tués dans un affrontement après l’attaque de bus et de camions sur une autoroute. Le groupe séparatiste « Armée de libération du Baloutchistan » a revendiqué la responsabilité de ces attaques. Plus tôt, des responsables pakistanais avaient annoncé que 39 personnes avaient été tuées dans plusieurs attaques menées par les rebelles séparatistes la nuit précédente. « Il a été confirmé que 39 personnes ont été tuées dans les attaques coordonnées des terroristes de l’Armée de libération du Baloutchistan », a déclaré Shahid Rind, porte-parole du gouvernement de l’État du Baloutchistan.
Lors de l’attaque la plus significative, les rebelles ont intercepté des bus et des camions sur une autoroute de la province du Baloutchistan et ont abattu plus de 20 conducteurs et passagers après avoir vérifié leurs documents d’identité. Le groupe séparatiste a affirmé dans un communiqué que ses combattants avaient ciblé et tué des militaires en civil lors de cette attaque. Dans un autre incident, les insurgés ont fait sauter un pont ferroviaire dans le district de Bolan, sur la route reliant le Pendjab au Sind. Javed Baloch, un responsable local, a rapporté que six corps avaient été retrouvés à proximité du lieu de l’explosion. Les insurgés ont également attaqué des postes de police et de sécurité dans la province, tuant 10 personnes.
Le ministre de l’Intérieur, Mohsin Naqvi, a qualifié ces attaques de « plan bien orchestré pour semer le chaos », mais cette déclaration reflète une compréhension superficielle du conflit. Cette vision simpliste néglige les revendications fondamentales des militants baloutches, qui demandent une autonomie accrue et une gestion plus équitable des ressources naturelles de leur province. La réponse du gouvernement, axée principalement sur des mesures militaires et l’élimination de quelques assaillants, semble insuffisante et déconnectée des causes profondes du conflit.
Les violences au Baloutchistan ne peuvent être réduites à des actes de terrorisme ; elles résultent d’une marginalisation historique et d’une exploitation économique persistante. Malgré ses vastes ressources, le Baloutchistan reste l’une des provinces les plus pauvres du Pakistan, alimentant frustration et sentiment d’abandon parmi les Baloutches. Par ailleurs, la perception de domination des Pendjabis dans les institutions militaires exacerbe les tensions ethniques et renforce le conflit.
La province est également confrontée à une intensification des attaques islamistes, exacerbée par la situation en Afghanistan depuis le retour des talibans en 2021. Les récents attentats revendiqués par l’État islamique, ayant causé 28 morts en février, illustrent la montée en puissance de la violence dans la région.
Les récentes escalades de violence soulignent l’incapacité du gouvernement pakistanais à gérer cette crise complexe de manière efficace. Pour établir une paix durable, il est crucial d’adopter une approche stratégique et globale, incluant non seulement des mesures sécuritaires mais aussi des réformes politiques profondes, une reconnaissance sincère des aspirations autonomistes des Baloutches, et une amélioration substantielle des conditions économiques. Sans une telle réforme, la situation continuera de se détériorer, rendant la paix dans cette région stratégique de plus en plus illusoire.