Alejandro Arcos, maire fraîchement élu de Chilpancingo, capitale de l’État de Guerrero, a été brutalement assassiné une semaine après sa prise de fonction. Son corps décapité, avec sa tête abandonnée sur le toit d’une voiture, a provoqué l’effroi dans tout le Mexique. Chilpancingo, ville gangrénée par la violence des cartels, est le théâtre d’une guerre incessante entre factions criminelles qui se disputent le contrôle du trafic de drogue.
Le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), dont Arcos était un représentant, a dénoncé cet acte barbare, le qualifiant de « crime lâche », et a appelé à une justice rapide. Quelques jours plus tôt, un autre fonctionnaire de la ville, Francisco Tapia, avait également été assassiné, marquant ainsi une semaine sanglante pour la municipalité.
L’État de Guerrero, l’un des plus pauvres du Mexique, est depuis des années en proie à des guerres territoriales entre cartels. Ces violences incessantes, malgré les efforts des autorités pour y mettre un terme, laissent les citoyens dans la peur et l’impuissance. Ce qui rend cet assassinat particulièrement choquant n’est pas seulement la brutalité avec laquelle il a été perpétré mais aussi la clarté du message qu’il envoie : les cartels ne reculeront devant rien pour maintenir leur emprise sur des territoires stratégiques. Chilpancingo, ville où gangs comme les Ardillos et les Tlacos s’affrontent pour le contrôle du trafic de drogue, incarne l’incapacité de l’État à reprendre la main sur ces zones où la violence est la loi.
Le meurtre d’Arcos expose une vérité dérangeante : être maire dans certaines régions du Mexique revient à signer son arrêt de mort. Les politiciens locaux, même les plus intègres, sont des cibles faciles, captifs d’un jeu de pouvoir sanglant où corruption, trafics et règlements de comptes se mêlent. L’assassinat d’au moins 24 politiciens dans le cadre des dernières élections mexicaines souligne l’ampleur du problème.
Mais la vraie question persiste : que fait l’État face à cette hémorragie de violence ? Claudia Sheinbaum, présidente du Mexique depuis le 1er octobre, a hérité d’un pays où la guerre contre les cartels semble déjà perdue. La stratégie de son prédécesseur, Andrés Manuel Lopez Obrador, s’est avérée inefficace, comme en témoigne l’horreur croissante dans des États comme Guerrero.
La mort d’Alejandro Arcos n’est pas qu’un simple fait divers macabre ; elle est le reflet d’un pays où la criminalité, nourrie par des milliards de dollars liés au narcotrafic, règne en maître. L’absence de réponses efficaces de l’État mexicain ne fait que renforcer l’audace des cartels, laissant les habitants de Guerrero et d’ailleurs à la merci de ces gangs impitoyables.
Tant que l’impunité dominera et que la violence sera un moyen de gouvernance parallèle, des tragédies comme celle d’Arcos continueront de déchirer le Mexique.