La récente signature de huit protocoles d’accord entre l’Algérie et Oman, scellée sous les auspices du président Abdelmadjid Tebboune et du Sultan Haitham bin Tariq, est présentée comme une avancée majeure vers un partenariat stratégique. Ces accords, qui couvrent des domaines variés tels que l’éducation, les énergies renouvelables et l’investissement, visent à diversifier les économies des deux pays et à réduire leur dépendance aux hydrocarbures. Cependant, derrière cette façade diplomatique, se cache une réalité plus nuancée et potentiellement inquiétante.
Les protocoles d’accord incluent des engagements dans des secteurs essentiels : l’enseignement supérieur, la recherche, les services financiers, l’emploi, la formation, les médias, l’environnement, et le développement durable. Pour Oman, plusieurs ministres clés, dont Sayyid Badr Hamad Al Busaidi (Affaires étrangères) et Sultan Salim Al Habsi (Finances), ont apposé leur signature. Du côté algérien, des figures politiques majeures, telles qu’Ahmed Attaf et Kamel Baddari, ont également pris part à cette initiative.
Selon Sayyid Badr, ces accords s’inscrivent dans une stratégie visant à échanger connaissances et expertise, et à renforcer les relations entre les institutions gouvernementales et les secteurs privés des deux pays. Ahmed Attaf a, pour sa part, évoqué des bénéfices mutuels et la volonté d’élargir la coopération bilatérale.
Cependant, un défi majeur se profile : la faisabilité de ces engagements. Pour que ces intentions se traduisent en actions concrètes, l’Algérie et Oman doivent surmonter plusieurs obstacles. La réalisation de projets d’infrastructure logistique et énergétique nécessitera des investissements considérables, que ni l’un ni l’autre pays ne semble capable d’assurer sans recours à des ressources externes. De plus, la transition vers des secteurs tels que les énergies renouvelables et l’agriculture exigera des réformes profondes dans des économies historiquement dominées par le pétrole et le gaz.
Au-delà des questions de financement, le succès de ce partenariat repose sur le développement des compétences locales et le transfert de technologies. Cependant, les deux pays partagent des défis similaires, notamment une fuite des talents et des systèmes éducatifs mal adaptés aux exigences d’une économie diversifiée. Sans une stratégie claire pour surmonter ces défis, les ambitions en matière de coopération éducative et de recherche risquent de rester théoriques. Ainsi l’ambition d’une intégration technologique et scientifique pourrait n’être qu’un vœu pieux
Bien que la diversification économique soit un objectif commun, sa mise en œuvre est entravée par des obstacles structurels. L’Algérie et Oman, encore très dépendants de leurs ressources pétrolières, pourraient voir leurs aspirations s’évanouir faute de cadres législatifs robustes et de financements adéquats. Peut-on véritablement parler de diversification lorsque des projets sont paralysés par le manque de ressources et de suivi ?
Les protocoles d’accord concernant l’énergie et la logistique impliquent des transformations radicales des infrastructures existantes, mais sans budget clair ni ressources suffisantes, ces ambitions apparaissent irréalistes. Le manque de liaisons maritimes et aériennes fiables et d’une logistique intégrée compromet gravement les perspectives d’échanges commerciaux. Si les deux pays comptent sur des investisseurs étrangers pour pallier ces lacunes, une telle dépendance pourrait fragiliser leurs économies respectives.
Finalement, ces accords apparaissent davantage comme une manœuvre diplomatique qu’un véritable levier de croissance économique. Sans volonté politique et ressources financières adéquates, le partenariat algéro-omanais pourrait n’être qu’une illusion, sans réelles retombées pour les populations des deux nations. En l’absence de réformes structurelles et de moyens concrets, cet ambitieux partenariat pourrait bien se réduire à un simple écran de fumée, masquant un manque d’engagement réel envers le changement.