Le Général d’Armée Saïd Chanegriha, Chef d’État-Major de l’Armée nationale populaire (ANP), a encore une fois joué la carte de la tournée de « travail et d’inspection », dimanche, dans la 1ère Région militaire, où il a visité le Centre d’ingénierie et de développement en mécanique et électronique de l’ANP. Cette visite, bien que mise en avant comme une démonstration d’attention et de gestion de la part de la haute hiérarchie militaire, soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses sur les réels progrès de l’ANP et de son industrie militaire.
Tout d’abord, la cérémonie d’accueil et les discours pompeux sur l’importance stratégique du centre, et l’insistance sur l’édification d’une industrie militaire « prometteuse », ressemblent à une tentative de maquiller un échec en attente. Le Général d’Armée s’est réjoui de l’évolution de ce secteur, sans jamais aborder les obstacles concrets qui freinent son développement. Où en est réellement la modernisation de l’industrie de défense nationale ? Si l’on en croit les discours officiels, tout semble aller dans le meilleur des mondes. Mais dans la réalité, il est évident que les progrès sont bien trop lents pour répondre aux besoins urgents d’une armée face à des menaces qui ne cessent d’évoluer.
La déclaration du Général d’Armée, insistant sur le fait que l’Algérie doit compter sur ses propres capacités nationales pour faire face à un environnement régional instable, sonne comme une tentative de justifier l’inefficacité chronique du système. Si le pays doit absolument compter sur ses propres ressources, pourquoi l’armée continue-t-elle de dépendre autant de l’étranger pour certains équipements stratégiques ? Il est facile de parler de souveraineté et d’indépendance quand la réalité est que la dépendance à des technologies étrangères reste un obstacle majeur à la mise en place d’une véritable industrie militaire autonome.
Pire encore, le Général d’Armée Chanegriha a mis l’accent sur la nécessité de compter sur les jeunes et leur volonté pour construire cette industrie de défense. Mais ces jeunes, qu’il présente comme la clé de l’avenir, sont-ils véritablement équipés des ressources nécessaires pour réussir ? L’industrie militaire algérienne, censée être le pilier de la défense nationale, souffre encore d’un manque criant de moyens, de formation et d’infrastructures adaptées. Ces jeunes, aussi motivés soient-ils, risquent fort de se heurter aux mêmes limites structurelles et financières qui ont, jusqu’à présent, entravé le développement de cette industrie.
Enfin, à la fin de sa visite, le Général d’Armée a permis aux personnels du centre d’exprimer leurs préoccupations et propositions. Mais quelle portée réelle ces échanges ont-ils ? À chaque visite, les promesses sont multiples, mais les résultats restent insuffisants. Les préoccupations soulevées par les employés semblent ne jamais se traduire en actions concrètes. Il est devenu évident que ces « rencontres » et ces « consultations » ne sont que des rites cérémoniels destinés à masquer l’inefficacité du système. Si la volonté est bien là, les moyens, eux, restent désespérément absents.
En résumé, cette visite de Saïd Chanegriha, aussi bien intentionnée soit-elle dans l’apparence, est un autre exemple du décalage entre les discours et la réalité. Les grandes déclarations sur l’édification d’une industrie militaire autonome sont de plus en plus difficiles à prendre au sérieux, tant les résultats concrets se font attendre. L’ANP ne doit plus se contenter de bonnes paroles : il est grand temps qu’elle passe à l’action, et que les discours se traduisent enfin en résultats tangibles.