Le Fonds Monétaire International (FMI) a récemment révélé une prévision de croissance de 3,8 % pour l’Algérie en 2024, un chiffre qui place le pays au sommet des économies de la région MENA, surpassant même des puissances telles que l’Égypte et l’Arabie Saoudite. Bien que cette estimation semble être une belle victoire pour le pays, elle cache des fragilités économiques profondes et soulève des questions cruciales quant à la viabilité de cette croissance à long terme.
L’un des principaux moteurs de cette croissance reste la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures, en particulier le pétrole et le gaz. La projection optimiste du FMI repose en grande partie sur des prix énergétiques élevés et stables, mais cette dépendance expose l’économie algérienne à une volatilité considérable. En effet, tout retournement du marché mondial des matières premières pourrait entraîner une chute des revenus, mettant en péril la stabilité économique du pays. Bien que le gouvernement ait multiplié les discours sur la nécessité de diversifier l’économie, ces efforts n’ont pas encore porté leurs fruits, et l’Algérie reste vulnérable aux fluctuations des prix des hydrocarbures. Cette situation crée une instabilité sous-jacente, ce qui fait de la croissance actuelle un phénomène fragile, susceptible de se heurter à de graves obstacles si les prix mondiaux des énergies venaient à chuter.
Un autre défi majeur auquel l’Algérie fait face réside dans l’environnement économique interne, marqué par des réformes inabouties et un secteur privé paralysé par des obstacles administratifs et juridiques. Le cadre législatif demeure obsolète, et la lourdeur bureaucratique freine l’initiative privée. La création d’un environnement favorable à l’investissement, essentiel pour diversifier l’économie, reste un objectif lointain. Les procédures administratives complexes et un climat d’affaires peu accueillant découragent les investisseurs, locaux comme étrangers. De ce fait, les entreprises peinent à se développer, à innover et à créer de la valeur ajoutée dans un marché sur lequel les acteurs privés devraient avoir un rôle central. Cette stagnation du secteur privé prive l’économie algérienne de l’une de ses principales sources de croissance durable et empêche le pays de se libérer de sa dépendance aux secteurs traditionnels comme les hydrocarbures.
Parallèlement, l’Algérie fait face à une inflation persistante qui continue d’éroder le pouvoir d’achat des citoyens et de réduire la compétitivité des entreprises locales. La politique monétaire du pays, bien qu’orientée vers un renforcement du dinar, peine à endiguer les pressions inflationnistes, qui affectent particulièrement les biens de consommation importés. Le coût des importations reste élevé, ce qui affecte directement la balance commerciale du pays et aggrave la dépendance à l’égard des ressources extérieures. Bien que le FMI prévoit une certaine stabilisation du dinar, l’inflation reste un facteur contraignant pour la croissance, mettant à mal la compétitivité des produits locaux et l’efficacité des entreprises algériennes sur les marchés internationaux.
Malgré les projections de croissance du FMI, l’Algérie semble encore loin d’atteindre une économie véritablement durable et résiliente. La dépendance persistante aux hydrocarbures, combinée à un environnement des affaires peu propice à la diversification et à une gestion monétaire fragile, soulève de sérieux doutes quant à la durabilité de la croissance projetée. La véritable question qui se pose est de savoir si l’Algérie pourra capitaliser sur cette croissance temporaire et amorcer une transition vers un modèle économique plus diversifié et plus résistant aux chocs externes.
Pour que cette prévision de croissance devienne une réalité tangible, l’Algérie doit impérativement s’engager dans des réformes structurelles profondes, notamment en ce qui concerne l’amélioration du climat des affaires, la modernisation du cadre législatif et la promotion d’un secteur privé véritablement dynamique. Si ces réformes ne sont pas mises en œuvre de manière efficace et urgente, l’Algérie risque de voir ses ambitions économiques contrariées, laissant place à une croissance fragile, insoutenable, et exposée aux aléas du marché énergétique global.