Après 37 ans d’absence présidentielle algérienne en Mauritanie, Abdelmadjid Tebboune a atterri à Nouakchott ce lundi, soulignant la volonté des deux pays de tourner la page sur les tensions passées, notamment celles liées à l’exclusion de l’Algérie du G5 Sahel. Cette visite officielle coïncide avec la Conférence continentale sur l’éducation et l’emploi des jeunes, organisée par l’Union africaine sous le thème : « Éduquer et former nos jeunes pour une Afrique prospère et dynamique ».
À son arrivée, le président Tebboune a été accueilli par son homologue Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Les deux dirigeants ont entamé des discussions en tête-à-tête, réaffirmant la profondeur des relations algéro-mauritaniennes. La dernière visite d’un président algérien remonte à 1987, lorsque Chadli Bendjedid s’était rendu à Nouadhibou, soulignant ainsi le caractère exceptionnel et symbolique de cette visite. L’absence prolongée illustre un certain froid diplomatique entre les deux pays, malgré des liens historiques et géographiques forts. La reprise des échanges à haut niveau vise à resserrer les liens politiques et économiques et à impulser une dynamique nouvelle à la coopération entre les deux nations.
Outre le Président Tebboune, cette conférence verra la participation de plusieurs autres chefs d’État africains et plus de 30 ministres, ainsi que des experts internationaux. Organisée en coopération avec des organisations internationales, cette Conférence s’inscrit dans le cadre du plan d’action de l’Union africaine pour faire face aux menaces qui pèsent sur l’éducation au niveau continental. L’Union africaine, dont la présidence tournante est assurée par la Mauritanie, a dédié l’année 2024 à l’éducation pour un accès accru et durable à un apprentissage inclusif, de qualité et pertinent. Les défis sont nombreux : insécurité, pauvreté, propagation de maladies, et un manque d’infrastructures et de personnels qualifiés pour la formation et l’éducation.
Selon l’UNESCO, l’Afrique compte toujours la plus grande population non scolarisée au monde. Près de 98 millions d’enfants en âge d’être scolarisés ne vont pas à l’école, et 9 enfants sur 10 ne peuvent pas lire et comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans. Pour atteindre leurs objectifs nationaux en matière d’éducation, il faudrait mobiliser 77 milliards de dollars supplémentaires chaque année. L’Algérie se distingue par sa politique éducative qui garantit l’accès à l’école à tous les élèves en âge de scolarisation, avec un taux d’analphabétisme qui est tombé sous les 8%. Ces réussites peuvent être bénéfiques pour d’autres pays africains qui peinent à atteindre des taux de scolarisation suffisants.
L’Algérie et la Mauritanie entretiennent d’excellentes relations, reflétant des liens historiques et géographiques forts. Cette coopération se traduit par des échanges de visites de haut niveau, des rencontres bilatérales et des initiatives communes au sein des ensembles régionaux et internationaux. L’assistance du président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, aux festivités commémorant le 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale en Algérie, à l’invitation du président Tebboune, atteste de ces liens étroits.
L’Algérie a ouvert une ligne maritime commerciale avec la Mauritanie en février 2022 et a créé une banque en Mauritanie en septembre 2023 pour promouvoir les exportations. Les deux pays renforcent également leur coopération énergétique et minière. En juin 2022, le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, s’est rendu en Mauritanie pour discuter des énergies renouvelables. La coopération s’est poursuivie avec une participation mauritanienne au 7e Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz à Alger en mars 2024. L’Algérie, dotée d’une riche expérience dans le domaine des hydrocarbures, met à disposition de la Mauritanie son expertise pour maximiser l’exploitation des ressources pétrolières et gazières.
Outre leur coopération économique, l’Algérie et la Mauritanie collaborent étroitement pour garantir la sécurité dans la région sahélo-saharienne. Cette coopération inclut le partage de renseignements et le renforcement de la surveillance des frontières pour lutter contre le terrorisme et le trafic de drogue. Cette coopération a été consolidée lors de la récente visite du chef d’État-major de l’ANP en octobre 2024.