Il est difficile de considérer comme une réelle avancée la décision d’augmenter l’allocation touristique à 750 euros par voyageur adulte, surtout dans un contexte économique où la majorité des Algériens lutte pour joindre les deux bouts. L’économiste Abderrahmane Hadef pourrait saluer cette mesure comme un « pas stratégique » pour la régulation des marchés de change, mais cette somme reste largement insuffisante face aux besoins réels des citoyens. Comparée aux prix actuels des billets d’avion, de l’hébergement et des frais divers à l’étranger, cette allocation est bien loin de couvrir le coût d’un voyage à l’étranger, et ce, même pour une seule personne.
L’argument selon lequel cette augmentation pourrait renforcer le pouvoir d’achat des Algériens ou faciliter les déplacements à l’étranger apparaît comme une illusion. En effet, l’augmentation de sept fois la somme initiale ne constitue qu’une réponse timide à la dévaluation de la monnaie locale et à l’inflation galopante. Pour les familles algériennes, cette somme est à peine suffisante pour couvrir les dépenses de base durant un voyage, et l’idée qu’elle puisse influencer significativement les flux touristiques ou attirer des investissements étrangers semble totalement déconnectée de la réalité du terrain.
Quant à l’objectif de réduire la dépendance au marché parallèle, il est peu probable que cette mesure soit suffisante pour inverser la tendance, tant les montants restent faibles par rapport à ce qui est nécessaire pour stimuler une véritable circulation de devises et mettre un terme aux pratiques informelles. L’Algérie reste largement dépendante des marchés noirs et des transferts informels pour la gestion des devises étrangères.
D’autre part, la création d’une nouvelle agence nationale pour la gestion des finances publiques est certes une initiative qui peut sembler positive sur le papier, mais elle ressemble davantage à un gadget administratif qu’à une véritable solution aux problèmes structurels de l’économie algérienne. La transparence et l’efficacité dans la gestion des finances publiques sont des objectifs louables, mais encore faut-il que cette nouvelle agence soit dotée des compétences réelles et des moyens nécessaires pour accomplir sa mission, ce qui semble loin d’être garanti.