Le 30 janvier 2025, la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas a officiellement confirmé la mort de Mohammed Deif, chef militaire des Brigades Ezzedine al-Qassam. Cette annonce survient près de six mois après qu’Israël a revendiqué son élimination lors d’une frappe aérienne dans le sud de la bande de Gaza, le 13 juillet 2024. La disparition de Deif marque une étape majeure dans le conflit israélo-palestinien et soulève de nombreuses interrogations quant à l’avenir du Hamas et des opérations militaires dans la région.
Depuis juillet 2024, des rumeurs circulaient sur la mort de Mohammed Deif, mais jusqu’à récemment, le Hamas n’avait jamais confirmé la disparition de son chef militaire. Abou Obeida, le porte-parole des Brigades al-Qassam, a finalement annoncé « le martyre du commandant Mohammed Deif parmi d’autres responsables », sans donner davantage de précisions sur les circonstances exactes de son décès.
Israël avait affirmé en août 2024 avoir éliminé Deif lors d’un raid aérien, arguant qu’il était responsable de la planification et de l’exécution de l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, attaque qui avait déclenché une guerre dévastatrice entre les deux parties. Cependant, l’absence de confirmation du Hamas avait alimenté les spéculations sur une possible survie du chef militaire, connu pour avoir échappé à plusieurs tentatives d’assassinat.
Mohammed Deif, né dans les années 1960 dans le camp de réfugiés de Khan Younès, était considéré comme l’un des stratèges les plus redoutés du Hamas. Son parcours est marqué par une ascension fulgurante au sein de l’organisation, jusqu’à devenir le chef des Brigades Ezzedine al-Qassam en 2002.
Sous sa direction, la branche militaire du Hamas a modernisé ses tactiques et renforcé son arsenal, en mettant en place un vaste réseau de tunnels sous Gaza et en développant une capacité balistique qui a régulièrement défié l’armée israélienne. Sa discrétion et sa capacité à survivre à de multiples tentatives d’élimination lui avaient valu le surnom de « chat aux neuf vies ».
Il était également connu pour apparaître très rarement en public. Seules quelques vidéos et une poignée de photographies existant de lui, certaines le montrant masqué ou en silhouette. En janvier 2024, Israël avait publié une photo de lui avec un œil manquant, suggérant qu’il avait été grièvement blessé dans une attaque précédente.
Mohammed Deif a joué un rôle central dans la stratégie militaire du Hamas, notamment en orchestrant des offensives majeures contre Israël. Il aurait été un acteur clé dans la planification des attaques du 7 octobre 2023, qui ont conduit à une escalade sans précédent du conflit entre le Hamas et Israël.
Son expertise militaire et sa connaissance des tactiques de guérilla en faisaient un élément redouté par l’armée israélienne. Depuis des années, Israël tentait de l’éliminer, notamment lors d’une frappe en 2014 qui avait tué sa femme et son fils de sept mois, mais dont il était sorti vivant.
En mai 2024, la Cour pénale internationale (CPI) avait demandé un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, aux côtés de Yahia Sinouar, chef du Hamas à Gaza.
La mort de Mohammed Deif intervient dans un contexte où le Hamas a subi des pertes significatives parmi ses dirigeants.Yahia Sinouar , considéré comme le cerveau des attaques du 7 octobre 2023, a été tué le 16 octobre 2024 par l’armée israélienne lors d’une opération terrestre à Gaza.
Ismaïl Haniyeh , chef de la branche politique du Hamas en exil à Doha, a été tué fin juillet 2024 dans une explosion à Téhéran, dans une opération revendiquée par Israël.
Ces pertes successives affaiblissent considérablement la structure de commandement du Hamas, qui doit désormais trouver de nouveaux dirigeants pour répondre à ces vides stratégiques.
La disparition de figures influentes comme Deif pourrait ouvrir la porte à de nouvelles dynamiques politiques, notamment du côté des négociations internationales pour un cessez-le-feu ou une solution à long terme au conflit.