Depuis sa réélection en 2024, Abdelmadjid Tebboune, président de l’Algérie, semble de plus en plus accablé par les tensions économiques qui secouent le pays. Malgré des engagements ambitieux concernant les réformes économiques, la réalité se montre cruellement différente, et les Algériens, de plus en plus désenchantés, commencent à douter de la capacité du gouvernement à tenir ses promesses. L’Algérie, autrefois l’une des nations les plus prospères d’Afrique du Nord grâce à ses ressources en hydrocarbures, traverse aujourd’hui une crise économique sévère. Une inflation galopante, une raréfaction des ressources essentielles et des coupures d’électricité perturbent fréquemment au quotidien la vie des citoyens.
Malgré les efforts de communication du président, les réformes promises, notamment en matière de réorganisation économique et de gestion des ressources, se heurtent à des obstacles insurmontables. Le gouvernement algérien, bien qu’ayant juré de s’attaquer à la crise, se trouve confronté à des défis structurels majeurs. Parmi les mesures les plus attendues, l’augmentation de l’aide financière pour les voyages à l’étranger, destinée à alléger le quotidien des Algériens dans un contexte de forte inflation, fait figure de fiasco. Initialement prévue à près de 4 milliards de dollars, cette subvention, censée soutenir les citoyens allant de 300 à 1 000 euros, s’est rapidement avérée irréalisable en raison de la situation financière catastrophique du pays, renforçant ainsi un sentiment de frustration et de colère généralisée.
Les difficultés économiques ont été exacerbées par des remaniements ministériels précipités. À peine trois mois après leur nomination, les ministres des Finances, Laziz Faid, et de l’Industrie pharmaceutique, Fouad Hajji, ont été évincés. Aucune explication claire n’a été fournie pour justifier ces départs, nourrissant des spéculations et un sentiment de confusion au sein même du gouvernement. La justification des « erreurs graves » n’a pas suffi à apaiser les mécontentements. Ces bouleversements internes ne font qu’accentuer le doute sur la capacité du président à stabiliser son équipe et à offrir une vision claire pour l’avenir du pays.
L’autonomie du pouvoir exécutif soulève également des inquiétudes croissantes. De nombreux Algériens dénoncent l’influence grandissante des conseillers étrangers, qui relèguent les ministres locaux au second plan, contribuant ainsi à un fossé de plus en plus profond entre les décisions politiques et les réalités du terrain. Cette influence étrangère, perçue comme nuisible par une grande partie de la population, a provoqué une perte de confiance envers l’équipe dirigeante. Les décisions prises sans consultation publique et sans explications détaillées ne font qu’aggraver le sentiment de méfiance à l’égard du gouvernement.
Sur le plan politique, la situation se dégrade davantage. Le mouvement Hirak, né en 2019 en réaction aux dérives du pouvoir, connaît un regain de vigueur. Après une période d’accalmie, exacerbée par la pandémie et les élections, les manifestations reprennent de plus belle, notamment chaque vendredi. Des milliers d’Algériens descendent dans la rue pour dénoncer la gestion du pays par Tebboune et exiger des réformes profondes. Leurs revendications – une véritable transition démocratique et une justice sociale – restent, pour l’instant, sans réponse concrète. Les slogans du Hirak témoignent du profond désaveu populaire envers un gouvernement de plus en plus déconnecté des réalités économiques et sociales du pays.
Malgré les efforts du gouvernement pour redorer l’image de l’Algérie sur la scène internationale, les promesses de Tebboune de devenir plus en plus irréalistes. Le pays se retrouve dans un cercle vicieux où les mesures économiques restent lettre morte, où la gouvernance se fragmente et où les citoyens se sentent abandonnés. Les ambitions de réformes économiques, telles que la diversification de l’économie ou la lutte contre la corruption, semblent incapables de dépasser le stade des discours. Le budget de l’État, qui semblait avoir retrouvé son équilibre, est aujourd’hui plombé par une dette croissante et des dépenses publiques mal maîtrisées. Les tentatives d’ouverture au marché international, telles que la révision des accords commerciaux avec l’Union européenne, sont noyées par une gestion interne chaotique.
Les Algériens se retrouvent dans une impasse. L’espoir d’une Algérie prospère et stable se dissipe chaque jour davantage, tandis que la pression populaire sur le président s’intensifie. L’Algérie, jadis perçue comme un modèle de stabilité dans la région, sombre dans une spirale d’instabilité économique et politique. Les protestations, bien que pacifiques, se multiplient, et les autorités semblent de moins en moins capables de répondre aux attentes légitimes de la population.
La question qui demeure est la suivante : jusqu’où le président Tebboune pourra-t-il résister à la pression croissante d’une crise économique qui semble s’aggraver chaque jour ? Les promesses faites aux Algériens étaient ambitieuses, mais la réalité s’avère bien plus complexe à maîtriser. Avec des défis internes qui se multiplient et une contestation populaire grandiose, l’avenir de l’Algérie est plus incertain que jamais. L’opposition, de son côté, critique l’incapacité du gouvernement à répondre aux attentes des citoyens, tandis que la société civile, elle, explore des alternatives pour sortir de cette impasse.
Dans ce contexte de crise multidimensionnelle, seule une fonte profonde de la gouvernance et un dialogue véritablement ouvert entre les différentes forces vives du pays pourraient permettre à l’Algérie de surmonter cette situation critique. Cependant, pour cela, il serait impératif que les promesses de réformes ne demeurent pas qu’un vœu pieux et que les Algériens soient témoins de résultats tangibles, au lieu de continuer à subir des engagements sans lendemain.