Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé de ne pas fouler le sol du Caire pour le sommet arabe extraordinaire du 4 mars 2025, consacré à la question palestinienne. Une absence qui, selon l’Agence de presse algérienne (APS), se veut une protestation contre une organisation jugée biaisée et peu inclusive par Alger. Mais derrière ce choix se cache une stratégie qui, loin de renforcer la cause palestinienne ou l’unité arabe, risque de les fragiliser davantage. Analyse d’une décision aussi contestable que révélatrice.
L’Algérie, qui se pose en championne de la solidarité arabe et en défenseur historique de la Palestine, a préféré envoyer son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, plutôt que son président. Officiellement, ce boycott découle d’un désaccord sur la préparation du sommet, accusée d’être monopolisée par un cercle restreint de pays imposant leurs vues sans concertation. Une critique légitime ? Peut-être. Mais opter pour l’absence plutôt que pour la confrontation directe est un choix qui trahit plus de calcul que de courage. Si Alger veut peser sur les débats et corriger les dérives qu’elle dénonce, pourquoi ne pas le faire de vive voix, au cœur de l’arène, plutôt que de déléguer son indignation à un émissaire ?
Tebboune clame haut et fort son « soutien indéfectible » à la cause palestinienne, un engagement que personne ne conteste sur le fond. Mais dans les faits, son absence au Caire dessert cette même cause. À un moment où la Palestine a besoin d’une mobilisation arabe unie, chaque défection compte comme une fissure dans le front commun. En boycottant le sommet, l’Algérie prive les discussions d’une voix influente qui aurait pu contrer les supposées dérives et rallier d’autres États à une ligne plus ferme. Envoyer Attaf, aussi compétent soit-il, ne remplace pas la stature d’un chef d’État dans un tel contexte. Ce n’est pas de la fermeté, c’est de la frilosité drapée dans des principes.
« Notre pays poursuivra son combat pour la justice sans attendre ni reconnaissance ni gratitude », assure une source citée par l’APS. Belle déclaration, mais elle sonne creux quand on voit Alger se retirer d’une enceinte où ce combat aurait pu s’incarner concrètement. Ce discours, qui fleure bon la posture héroïque, semble plus destiné à flatter l’opinion publique algérienne qu’à influer sur le cours des événements. Pendant ce temps, les divisions arabes – que Tebboune déplore – s’aggravent, et l’Algérie y contribue par son abstention. Si l’unité est vraiment son credo, pourquoi ne pas la défendre là où elle se joue, quitte à bousculer les égos et les agendas ?
L’article de l’APS évoque une possible réorientation des efforts diplomatiques algériens vers l’Afrique ou l’Asie. Une menace à peine voilée qui ressemble à un caprice d’enfant gâté : si le jeu ne se plie pas à mes règles, je vais jouer ailleurs. Mais la diplomatie n’est pas un bac à sable. L’Algérie, membre influent de la Ligue arabe, a une responsabilité régionale qu’elle ne peut esquiver sous prétexte d’un sommet mal ficelé. S’isoler ou chercher d’autres partenaires est une option, mais elle ne remplace pas l’urgence d’une action concertée au sein du monde arabe, surtout sur un dossier aussi brûlant que la Palestine.