Une épidémie de fièvre aphteuse sans précédent depuis un demi-siècle bouleverse actuellement l’Europe centrale, contraignant les autorités hongroises, slovaques et autrichiennes à prendre des mesures drastiques. Des milliers d’animaux ont été abattus, des fermes mises sous quarantaine et plusieurs postes-frontières fermés dans une tentative d’enrayer la propagation de cette maladie animale hautement contagieuse.
Le foyer initial a été détecté début mars dans une exploitation bovine située près de la ville de Levél, à proximité des frontières autrichienne et slovaque. En l’espace de quelques semaines, le virus s’est propagé à plusieurs fermes en Slovaquie voisine, marquant le retour d’une pathologie redoutée, absente de ces territoires depuis plus de 50 ans.
Près de 3 500 bovins ont déjà été abattus en Hongrie, selon les autorités. « Tout est sens dessus dessous », a confié Sándor Szoboszlai, entrepreneur local à Levél, à l’agence Associated Press. « Personne ne s’attendait à cela. C’est un coup dur pour toute la région. »
La fièvre aphteuse, bien que rarement dangereuse pour l’humain, se révèle dévastatrice pour les élevages. Elle affecte principalement les animaux à onglons fendus – bovins, ovins, porcins et cervidés – et se manifeste par de fortes fièvres, des lésions buccales et des boiteries sévères. La maladie peut se transmettre par simple contact, via des surfaces contaminées ou encore par voie aérienne sur de courtes distances.
L’impact économique est immédiat : abattages massifs, perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et fermeture de plusieurs points de passage commerciaux. « Il s’agit de l’œuvre d’une vie détruite en quelques jours », a commenté Szoboszlai au sujet d’un éleveur local contraint de sacrifier l’intégralité de son troupeau.
Face à l’ampleur de la crise, des mesures exceptionnelles ont été déployées. En Hongrie, des opérations de désinfection ont été lancées sur les routes et à l’entrée des villes touchées. Des tapis désinfectants ont été installés, bien que leur efficacité ait été mise en doute : certains se dessèchent rapidement ou sont balayés par les véhicules.
La Slovaquie a réagi fermement, en fermant 16 de ses postes-frontières avec la Hongrie et un avec l’Autriche, accusant Budapest de ne pas en faire assez pour limiter la propagation du virus. L’Autriche, bien qu’aucun cas n’y ait été détecté, a à son tour fermé 23 points de passage avec ses deux voisins.
Le gouvernement hongrois a ajouté une dimension inquiétante au débat en évoquant la possibilité d’une origine non naturelle du virus. Gergely Gulyás, chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orbán, a suggéré que l’épidémie pourrait être le résultat d’une « attaque biologique », faisant allusion à un « virus produit artificiellement », sans toutefois fournir de preuves tangibles. Ces déclarations reposeraient sur des observations préliminaires d’un laboratoire étranger.
Les autorités de la République tchèque, bien que plus éloignées des foyers de l’épidémie, ont également instauré des mesures de prévention. Des protocoles de désinfection ont été imposés aux cinq principales frontières pour les camions de marchandises.
Le professeur Jiri Cerny, de l’Université tchèque des sciences de la vie, a souligné que la propagation du virus est très probablement liée à la circulation de véhicules, de denrées alimentaires ou encore aux semelles de chaussures contaminées.
Le ministre tchèque de l’Agriculture, Marek Výborný, a quant à lui indiqué que les restrictions pourraient être levées 30 jours après l’abattage du dernier animal infecté en Slovaquie – si aucun nouveau cas n’est détecté d’ici là.
En Hongrie, le ministre de l’Agriculture István Nagy a annoncé vendredi que la désinfection des dernières fermes infectées devrait s’achever ce samedi. Le gouvernement s’est engagé à accompagner les agriculteurs sinistrés via un moratoire sur les prêts et une indemnisation pour les bêtes perdues.