L’Algérie a vivement réagi à l’arrestation en France d’un agent de son consulat, accusé d’avoir pris part à l’enlèvement présumé d’Amir Boukhors, opposant notoire au régime algérien. Dans un communiqué officiel, le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé un « tournant judiciaire sans précédent » dans les relations bilatérales, accusant Paris de chercher à compromettre les efforts de réconciliation entre les deux pays.
Alger a qualifié cette arrestation d’« inacceptable et injustifiée » et a promis des répercussions. Le gouvernement algérien a également décrit Amir Boukhors comme « un saboteur lié à des groupes terroristes », sans toutefois fournir d’éléments concrets à l’appui de cette accusation, ce qui a suscité l’inquiétude d’organisations de défense des droits humains.
Une escalade diplomatique aux motivations multiples
Cette réaction musclée intervient dans un contexte où les relations entre Paris et Alger sont déjà fragilisées. Depuis plusieurs mois, les différends s’accumulent : la reconnaissance par la France du plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, la condamnation de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie, ou encore les critiques françaises sur les restrictions aux libertés individuelles dans le pays. Autant de tensions qui nourrissent une méfiance persistante.
La posture algérienne, qui mêle indignation officielle et rhétorique accusatoire, semble motivée autant par la volonté de défendre sa souveraineté que par un réflexe politique interne. À travers cette crise, le pouvoir algérien renforce son discours de fermeté et tente de mobiliser l’opinion publique autour d’une dénonciation du « deux poids, deux mesures » pratiqué par l’Occident.
Du côté français, la justice suit son cours. L’ouverture d’une enquête judiciaire sur des soupçons d’enlèvement ne saurait être suspendue au statut diplomatique présumé d’un individu. Toutefois, certains analystes estiment que la France aurait pu opter pour des canaux diplomatiques plus souples pour éviter un incident public aux conséquences potentiellement durables.
Malgré des efforts diplomatiques récents pour apaiser les tensions, cette crise menace de fragiliser davantage les liens entre Paris et Alger, avec des répercussions potentielles sur les intérêts économiques et sécuritaires français en Afrique du Nord..