L’Irak suffoque une nouvelle fois sous une tempête de sable d’une intensité rare. Dans la soirée du lundi 14 avril, un imposant nuage de poussière ocre s’est abattu sur les régions du centre et du sud du pays, provoquant des scènes surréalistes dans les grandes villes comme Najaf, Bassora et Nassiriya. Dans les rues obscurcies par le sable, les passants ont dû enfiler des masques de protection, tandis que les services de secours étaient débordés par l’afflux de patients.
Selon un communiqué officiel du ministère irakien de la Santé, 3.747 personnes ont été prises en charge pour des troubles respiratoires, principalement des suffocations causées par l’inhalation de particules fines. “Ces patients ont été admis aux urgences à Bagdad et dans d’autres provinces”, a indiqué Saif al-Badr, porte-parole du ministère, précisant qu’aucun cas grave n’a nécessité de soins intensifs.
La province méridionale de Bassora enregistre à elle seule plus de 1.000 cas, suivie par les régions de Mouthana (874 cas) et de Missane (628 cas), selon les chiffres relayés par l’agence de presse INA. Grâce à une réaction rapide des services de santé, “la plupart des patients ont pu quitter l’hôpital après avoir reçu les soins nécessaires, notamment de l’oxygène et des traitements respiratoires adéquats”, a ajouté al-Badr.
Sur le terrain, les images capturées par des photographes de l’AFP témoignent de l’ampleur de la tempête. À Najaf, un secouriste a été vu en train d’assister un jeune homme avec une bonbonne d’oxygène à l’arrière d’une ambulance, scène emblématique du chaos respiratoire qui s’est emparé de la ville.
Paralysie partielle du trafic aérien
En plus des conséquences sanitaires, la tempête a perturbé les activités économiques et les transports. Les aéroports de Najaf et de Bassora ont temporairement suspendu leurs vols lundi, le temps que la visibilité revienne à des niveaux acceptables. Une situation qui remet en lumière la vulnérabilité croissante du pays face aux événements climatiques extrêmes.
Ce phénomène, bien que saisonnier, s’intensifie année après année. Si l’Irak avait connu un léger répit en 2023 et 2024, les experts s’accordent à dire que les tempêtes de sable gagnent en fréquence et en intensité, portées par la désertification galopante, la baisse des précipitations et une mauvaise gestion des ressources en eau. Le pays figure aujourd’hui parmi les cinq plus exposés aux effets du changement climatique, selon les organismes environnementaux internationaux.
Le ministère irakien de l’Environnement alerte : le nombre de “jours de poussière” pourrait fortement augmenter au cours des 25 prochaines années, bouleversant les conditions de vie, affectant la santé publique, mais aussi l’agriculture et l’économie.
La poussière, désormais chronique, s’impose comme un nouvel acteur du quotidien irakien. Et les habitants, eux, apprennent à respirer entre deux tempêtes.