Les cours du pétrole ont de nouveau fléchi mercredi matin, les marchés s’inquiétant des répercussions de la guerre commerciale opposant les États-Unis à la Chine. Cette incertitude persistante alimente les craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale, pesant directement sur les perspectives de demande énergétique.
À 6h30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord a perdu 66 cents, soit une baisse de 1 %, pour s’établir à 64,10 dollars. De son côté, le brut américain West Texas Intermediate (WTI) a reculé de 69 cents, soit 1,1 %, atteignant 60,64 dollars le baril.
Ces reculs font suite à une baisse plus modérée observée la veille, mardi 15 avril, où les deux indices de référence avaient déjà cédé 0,3 %.
Ce nouveau repli intervient alors que les investisseurs digèrent l’impact d’un changement de cap dans la politique tarifaire américaine. La récente hausse des droits de douane imposée par le président Donald Trump à l’encontre de la Chine, et les mesures de rétorsion de Pékin, renforcent les craintes d’un ralentissement économique mondial susceptible de freiner la demande de pétrole.
Dans son rapport publié mardi, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a revu à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole. Elle prévoit désormais une hausse de seulement 730 000 barils par jour en 2025, soit le rythme de croissance le plus lent depuis cinq ans. Le mois dernier, l’AIE tablait encore sur une progression de 1,3 million de barils par jour.
Cette révision à la baisse s’ajoute à celle, déjà pessimiste, annoncée lundi par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui anticipe également une moindre croissance de la demande.
« Les investisseurs attendent toujours un signal clair pour un rebond durable, mais la croissance mondiale reste sous pression », analyse Yip Zhanrong, stratège marché chez IG. « Tant que les tensions commerciales persisteront, l’optimisme entourant une reprise de la demande pétrolière pourrait rapidement s’essouffler. »
Pour Imad Al-Khayat, directeur de recherche au London Stock Exchange Group, le conflit tarifaire sino-américain constitue « la principale menace pour l’économie mondiale ». Selon lui, « chaque semaine sans avancée vers une résolution du conflit accroît le risque de récession mondiale et exerce une pression baissière sur les prix de l’or noir ».
Les inquiétudes liées à cette guerre commerciale, conjuguées à une réduction progressive des quotas de production chez certains membres de l’alliance OPEP+, ont contribué à une chute d’environ 13 % des prix du pétrole depuis le début du mois.
Autre facteur aggravant : les dernières données de l’American Petroleum Institute indiquent une augmentation des stocks de brut aux États-Unis. Ceux-ci auraient progressé de 2,4 millions de barils pour la semaine close le 11 avril, alors que les stocks d’essence et de distillats auraient diminué de 3 millions de barils chacun.
Face à ce contexte incertain, plusieurs grandes banques internationales, parmi lesquelles BNP Paribas, UBS et HSBC, ont révisé à la baisse leurs prévisions sur les prix du pétrole pour les mois à venir.