Lors du cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien (COI) tenu à Antananarivo, Madagascar, le président français Emmanuel Macron a plaidé, le 24 avril 2025, pour une intégration progressive de Mayotte, département français, au sein de cette organisation régionale. Face à l’opposition ferme des Comores, qui revendiquent la souveraineté sur l’archipel, M. Macron a appelé à une « approche pragmatique » pour surmonter les tensions et favoriser une coopération régionale inclusive.
« Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l’écart de nos programmes », a déclaré Emmanuel Macron, soulignant l’importance d’impliquer Mayotte dans les initiatives de la COI. Cette organisation, qui regroupe Madagascar, les Comores, Maurice, les Seychelles et La Réunion (représentant la France), œuvre pour la coopération régionale dans des domaines clés tels que la sécurité maritime, la santé, la sécurité alimentaire et le développement économique.
Contrairement à La Réunion, déjà membre à part entière, Mayotte reste exclue de la COI, une situation que le président français souhaite voir évoluer. « L’implication de nos populations et l’intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI sont dans l’intérêt de nos peuples et de la région », a-t-il insisté, tout en proposant une démarche graduelle pour atteindre cet objectif, évitant ainsi une confrontation directe avec les opposants.
La proposition française a immédiatement suscité une réaction vive de la part des Comores. Le ministre comorien des Affaires étrangères, Mohamed Mbae, présent au sommet, a réitéré la position de son pays : « Il ne saurait être question d’intégration de Mayotte à la COI, Mayotte est comorienne. » Cette opposition s’inscrit dans un différend historique : les Comores contestent la souveraineté française sur Mayotte, qui a choisi de rester française lors des référendums de 1974 et 2009, contrairement au reste de l’archipel qui a accédé à l’indépendance en 1975.
Ce désaccord reflète des tensions plus larges dans la région, où les questions de souveraineté et d’héritage colonial continuent de peser sur les relations entre États. Mayotte, située dans le canal du Mozambique – une voie stratégique pour le commerce maritime et riche en ressources pétrolières – est également au cœur de rivalités géopolitiques impliquant des puissances étrangères.
Emmanuel Macron a rappelé le rôle central de la France au sein de la COI, soulignant que le pays est « le premier bailleur » de l’organisation. À travers l’Agence française de développement (AFD), la France soutient un portefeuille de projets d’une valeur de 125 millions d’euros, destinés à promouvoir le développement durable et la résilience régionale. « La COI est un modèle de coopération », a-t-il affirmé, plaidant pour une solidarité accrue face aux « défis planétaires » qui bousculent l’océan Indien, tels que le changement climatique, les crises alimentaires et les tensions géopolitiques.
Le président a également abordé les critiques internationales, notamment celles émanant de la Russie, qui accuse la France d’impérialisme à Mayotte. « Mayotte est française par le choix du peuple mahorais », a-t-il réaffirmé, dénonçant les « hypocrisies » et les tentatives de réécriture de l’histoire pour justifier des agendas politiques contemporains. Cette déclaration intervient dans un contexte de désinformation croissante et de rivalités entre grandes puissances dans la région indo-pacifique.
En plaidant pour l’intégration de Mayotte, Emmanuel Macron cherche à renforcer la cohésion régionale tout en défendant les intérêts français dans une zone stratégique. « Ensemble, en conjuguant nos atouts, nous pouvons tracer une voie nouvelle », a-t-il conclu, appelant à une coopération renforcée pour relever les défis communs.
Cependant, la question de Mayotte reste un point de friction majeur. Outre les Comores, Madagascar revendique également les îles Éparses, autre territoire français dans le canal du Mozambique, compliquant davantage les dynamiques régionales.