Jeudi, le gouvernement espagnol a décidé d’annuler de manière unilatérale un contrat d’armement avec l’entreprise israélienne IMI Systems Ltd, cédant ainsi aux pressions de Sumar, la formation de gauche radicale alliée au Parti socialiste (PSOE) dans la coalition minoritaire du gouvernement. Ce contrat, d’une valeur de 6,8 millions d’euros, portait sur la fourniture de munitions pour la Guardia Civil, équivalent de la Gendarmerie espagnole.
Cette annulation a été largement saluée par Yolanda Díaz, la ministre du Travail et leader de Sumar, qui a fermement milité pour la résiliation de ce contrat. Elle a souligné que l’Espagne ne pouvait pas acheter des armes à un gouvernement qu’elle accuse de massacrer le peuple palestinien, faisant ainsi écho à une critique sévère de la politique israélienne. « J’ai personnellement négocié avec le ministre de l’Intérieur et le premier ministre pour obtenir l’annulation de ce contrat », a déclaré Yolanda Díaz.
Pour Sumar, cette victoire était d’autant plus importante après un revers subi mardi, lorsque le conseil des ministres avait adopté un plan de 10,5 milliards d’euros pour atteindre l’objectif de 2 % du PIB pour les dépenses de défense, une exigence de l’OTAN qui a divisé la gauche radicale. Cette décision d’annulation a permis de remettre un peu de stabilité dans la coalition gouvernementale, évitant une crise interne.
Le gouvernement israélien a vivement réagi à cette annulation, en condamnant « fermement » la décision de Madrid. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a exprimé la déception d’Israël et a précisé que cette décision risquait d’avoir des répercussions sur les futurs accords de défense avec l’Espagne.
Le contrat, conclu en octobre dernier, était déjà contesté par Sumar, qui l’a qualifié de « violation flagrante de la légalité internationale ». Yolanda Díaz a décrit la situation à Gaza, marquée par les opérations militaires israéliennes contre le Hamas, comme un « authentique génocide ».
Le gouvernement de Pedro Sánchez, qui a placé le soutien à la cause palestinienne au cœur de sa politique étrangère, avait déjà reconnu l’État de Palestine en mai dernier, ce qui avait exacerbé ses relations avec Israël. L’annulation de ce contrat est donc un nouveau signe de la ligne dure prise par Madrid contre l’occupation israélienne en Palestine.
Les conséquences juridiques de cette annulation restent incertaines. Des sources gouvernementales ont indiqué que les services juridiques de l’État examinent la possibilité de contester cette annulation et de minimiser les obligations financières envers IMI Systems Ltd, ce qui pourrait entraîner des poursuites judiciaires.
Le leader du Parti populaire (PP), Alberto Núñez Feijóo, a critiqué la décision, soulignant que la rupture d’un contrat entre États pouvait entraîner des sanctions juridiques, et il a demandé qui supporterait les coûts de cette annulation.
Pour les socialistes, malgré la controverse, il était essentiel de maintenir l’unité au sein de la coalition, même si la question palestinienne reste un point de tension majeur. Yolanda Díaz a assuré qu’il n’y avait pas de crise gouvernementale, malgré les divergences.