Dans un climat de tensions persistantes, l’Algérie continue de voir se répéter les mêmes accusations contre ceux qui osent critiquer le pouvoir en place. Les dénonciations des agissements de l’élite dirigeante, notamment des généraux, ainsi que la révélation de leurs comptes bancaires exorbitants – leurs propres comptes, ou appartenant à leurs familles, leur entourage ou leurs proches – sont systématiquement visées. Selon des sources critiques, les richesses de l’Algérie, souvent qualifiées de « gâteau national », profiteraient principalement à une élite composée de généraux, de descendants de harkis, d’étrangers, et d’autres acteurs influents, y compris asiatiques. Sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, le pays serait devenu un terrain où les puissants tirent profit des ressources, tandis que les plus faibles restent exclus, incapables de revendiquer leur part.
Pour asseoir leur contrôle, certains observateurs estiment que les autorités pourraient envisager une législation explicite, punissant sévèrement toute critique visant le président Tebboune ou dénonçant les agissements de l’élite dirigeante. Ces accusations pourraient aller jusqu’à des charges de « trahison nationale », assorties de peines extrêmes, y compris la peine capitale.
Dans ce contexte, le dossier de Yamina Maghraoui, présidente de la commission des femmes du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) et de la Confédération générale des syndicats indépendants en Algérie, a été renvoyé devant le tribunal. Ce renvoi s’inscrit dans une vague de poursuites jugées arbitraires par les défenseurs des droits humains, visant les militants syndicaux après la récente modification de la législation sur les syndicats et le droit de grève.
L’avocate Fatiha Rouibi a annoncé sur les réseaux sociaux que le juge d’instruction du pôle cybernétique national a émis une ordonnance de renvoi du dossier de Mme Maghraoui devant le tribunal compétent, en attente de la fixation d’une date pour son procès. Créé pour lutter contre les cybercrimes, ce pôle judiciaire se concentre sur les infractions liées aux technologies de l’information, notamment les publications sur les réseaux sociaux ou les déclarations médiatiques critiquant la politique du gouvernement.
Selon l’organisation de défense des droits humains « SHOAA », Yamina Maghraoui fait face à des accusations de « diffusion intentionnelle de fausses nouvelles ou d’informations biaisées susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public », conformément à l’article 196 bis du Code pénal. Ces charges, après plus d’un an et demi d’enquête, viseraient, selon les critiques, à protéger les intérêts de l’élite dirigeante, souvent désignée comme la « bande des généraux », plutôt que l’intérêt général.
