Des affrontements violents ont éclaté jeudi 26 juin 2025 dans plusieurs quartiers de Lomé, la capitale du Togo, alors que la population descendait massivement dans les rues pour dénoncer la réforme constitutionnelle qui permettrait au président Faure Gnassingbé de rester indéfiniment au pouvoir.
Cette réforme controversée, adoptée en avril, supprime le suffrage universel présidentiel au profit d’un régime parlementaire où le président du Conseil des ministres – un poste que Gnassingbé occupe désormais – peut être réélu sans limitation par les députés.
La manifestation, organisée par une coalition de partis d’opposition et de groupes de la société civile baptisée « Touche pas à ma Constitution », visait à exiger la démission du chef de l’État, la libération d’une centaine de prisonniers politiques, ainsi qu’une amélioration urgente des conditions économiques du pays. Les appels à la mobilisation ont été relayés sur les réseaux sociaux et étendus sur trois jours, du 26 au 28 juin.
Malgré l’interdiction officielle des manifestations depuis 2022, les rassemblements ont été massifs. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont éclaté : barricades, pneus incendiés, jets de projectiles, et gaz lacrymogènes ont rythmé la journée. Plusieurs arrestations ont été signalées, notamment dans le quartier de Bè, bastion de l’opposition. Des jeeps militaires ont été déployées dans la capitale, renforçant le climat de tension.
Depuis sa prise de pouvoir en 2005, à la suite du décès de son père, Faure Gnassingbé dirige le pays d’une main de fer. Ses opposants dénoncent aujourd’hui un « coup d’État constitutionnel » dans un pays où les voix critiques sont souvent étouffées, et où les médias étrangers comme RFI et France 24 ont récemment été suspendus.
Dans un contexte régional instable, marqué par des coups d’État à répétition en Afrique de l’Ouest, la situation togolaise suscite une inquiétude croissante sur l’avenir de la démocratie dans la sous-région.