Peshawar, 28 juin 2025 – Une attaque d’une violence inouïe a frappé la province de Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest du Pakistan, ce samedi, transformant une journée ordinaire en un bain de sang. Un kamikaze, au volant d’un véhicule bourré d’explosifs – environ 800 kg selon les premières estimations – a percuté un convoi militaire dans le district de North Waziristan, tuant au moins 16 soldats et blessant 29 personnes, dont 19 civils, parmi lesquels six enfants. L’explosion, survenue à Khaddi, près de Mir Ali, a non seulement pulvérisé un véhicule blindé de l’unité de déminage, mais a aussi provoqué l’effondrement des toits de deux maisons voisines, aggravant le bilan humain. La faction Usud al-Harb, affiliée au groupe Hafiz Gul Bahadur des Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), a revendiqué cette attaque, menée par sa brigade de kamikazes, confirmant la persistance d’une menace terroriste implacable dans la région.
Khyber Pakhtunkhwa, frontalière de l’Afghanistan, est devenue un véritable champ de bataille depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021. La résurgence des violences, alimentée par la porosité de la frontière et les accusations d’Islamabad envers Kaboul de fournir un sanctuaire aux militants du TTP, a transformé cette province en un épicentre de l’insurrection. Selon un décompte de l’AFP, environ 290 personnes, principalement des membres des forces de sécurité, ont été tuées dans des attaques menées par des groupes armés dans les provinces de Khyber Pakhtunkhwa et du Baloutchistan depuis le début de 2025. Cette attaque, qualifiée comme l’une des plus meurtrières de ces derniers mois dans la région, illustre la capacité du TTP à frapper des cibles stratégiques malgré les opérations militaires pakistanaises.
Le contexte de l’attaque est d’autant plus troublant qu’un couvre-feu était en place à North Waziristan pour faciliter les mouvements des forces de sécurité, ce qui n’a pas empêché le kamikaze de mener son assaut à 7h45 dans le marché de Khaddi. L’explosion a non seulement détruit des infrastructures militaires, mais aussi semé la désolation parmi les civils, avec des maisons et des boutiques ravagées par le souffle. Des tirs indiscriminés signalés après l’attaque ont ajouté à la panique, blessant davantage de civils, dont des femmes et des enfants en état critique.
La revendication par la faction Usud al-Harb, une branche du groupe Hafiz Gul Bahadur affiliée au TTP, envoie un message clair : les talibans pakistanais, loin d’être affaiblis, continuent de défier l’État avec une audace meurtrière. Ce groupe, connu pour sa brutalité, a intensifié ses opérations depuis la rupture du cessez-le-feu entre le TTP et le gouvernement pakistanais en novembre 2022. Le Pakistan, classé deuxième au Global Terrorism Index 2025 avec une augmentation de 45 % des décès liés au terrorisme (1 081 morts en 2024 contre 748 en 2023), fait face à une escalade alarmante des violences, particulièrement dans ses régions frontalières.
Les autorités locales ont immédiatement déployé des équipes de secours et bouclé la zone pour une opération de recherche, mais l’absence de commentaire officiel de l’Inter-Services Public Relations (ISPR), la branche médiatique de l’armée, alimente les critiques sur la transparence et l’efficacité des mesures antiterroristes. Des analystes, comme Abdullah Khan du Pakistan Institute for Conflict and Security Studies, pointent du doigt la résurgence de groupes interdits comme Lashkar-e-Islam et la rivalité croissante entre factions talibanes, rendant le TTP et ses alliés, tels que le groupe Hafiz Gul Bahadur, encore plus létaux.
Cette attaque ravive les tensions entre le Pakistan et l’Afghanistan. Islamabad accuse régulièrement Kaboul de laisser les militants du TTP opérer depuis son territoire, une allégation que les talibans afghans rejettent, accusant à leur tour le Pakistan d’héberger des cellules de l’État islamique (IS-K). Cette guerre des mots, couplée à l’incapacité des forces pakistanaises à endiguer les attaques malgré des opérations d’envergure comme Rah-e-Nijat (2009) ou Black Thunderstorm (2009), met en lumière les failles d’une stratégie sécuritaire à bout de souffle.
L’opinion publique pakistanaise, déjà éprouvée par des inondations meurtrières dans la région ces derniers jours (11 morts à Swat), s’indigne face à l’impuissance du gouvernement. Sur X, des voix comme @nidhisj2001 décrivent l’ampleur du désastre, tandis que @AFP et @Reuters relaient l’horreur de l’attaque, amplifiant le sentiment d’urgence. Certains, à l’image de @aa_french, appellent à une réponse internationale face à cette vague de violence.
Ce énième attentat ne peut être réduit à une simple statistique dans un conflit sans fin. Les 16 soldats tués, les 19 civils blessés, les six enfants victimes de l’effondrement des maisons : derrière ces chiffres se cachent des familles brisées et une nation en deuil. Le gouvernement pakistanais doit cesser de se contenter de promesses d’enquêtes et de cordons sécuritaires. Il est temps de repenser la lutte antiterroriste : renforcer la sécurité frontalière, améliorer le renseignement, et surtout, couper les vivres aux réseaux talibans qui prospèrent dans l’ombre.
La communauté internationale, elle aussi, doit se mobiliser. Le Pakistan, en tant que président du Comité des sanctions 1988 du Conseil de sécurité de l’ONU, a une responsabilité accrue pour démontrer sa détermination face au terrorisme. Laisser Khyber Pakhtunkhwa devenir un terrain de jeu pour les kamikazes du TTP, c’est trahir les victimes et abandonner tout espoir de stabilité régionale. Justice pour les victimes, action contre les terroristes, et un sursaut pour la paix : le Pakistan ne peut plus attendre.