L’ambassade d’Algérie à Dhaka a déroulé le tapis rouge pour célébrer le 63e anniversaire de l’indépendance, dans une mise en scène pompeuse où l’ambassadeur d’Algérie au Bangladesh, Abdelouahab Saidani, a vanté une Algérie mythifiée, héroïque et prétendument porteuse d’un idéal de liberté et de multilatéralisme.
Ce discours officiel, saturé de formules creuses, glorifie une « résilience » et une « souveraineté » qui n’existent que dans les manuels d’histoire. Pendant ce temps, l’Algérie réelle suffoque sous le poids d’un système politique fossilisé, où la jeunesse est bâillonnée, les libertés étouffées et les aspirations démocratiques piétinées sans vergogne. L’économie, enchaînée à la rente pétrolière malgré des décennies de promesses de diversification, s’effondre sous le chômage de masse, la fuite des talents et une misère sociale qui contraste cruellement avec les slogans patriotiques.
Brandir l’Algérie comme « premier pays arabe à reconnaître le Bangladesh » est une diversion pathétique. Ce fait, ressassé comme une médaille d’honneur, ne compense pas l’absence de vision diplomatique ni l’inexistence de projets concrets pour renforcer les liens entre les deux nations. Les annonces de « coopération » et d’« investissements » ne sont que des mots vides, des coquilles creuses qui ne changent rien à la vie des Algériens ou des Bangladais.
Plus révoltant encore est l’exploitation éhontée des causes palestinienne et autres, transformées en étendards opportunistes pour détourner l’attention des abus du régime. Loin d’être un champion des droits humains, ce dernier utilise ces luttes comme un bouclier pour justifier sa répression interne et son refus obstiné de tout dialogue démocratique. Cette hypocrisie atteint son paroxysme quand l’ambassadeur ose parler de « paix internationale » alors que l’Algérie soutient des régimes troubles au Sahel, alimentant l’instabilité sous couvert de postures humanitaires.
Le summum du cynisme réside dans l’évocation de la jeunesse algérienne, présentée comme l’avenir d’une nation « digne ». Quelle insulte ! Cette jeunesse, que le régime prétend célébrer, est en réalité écrasée par un système qui la prive de perspectives, la pousse à l’exil ou la réduit au silence. Les mots « dignité » et « liberté » sonnent comme une provocation quand ils sortent de la bouche d’un régime qui célèbre une indépendance historique tout en enchaînant les générations actuelles.
Cette cérémonie à Dhaka n’est qu’un miroir brisé, reflétant l’image d’un régime qui s’accroche à une gloire révolue pour mieux ignorer sa faillite présente. Loin d’être un modèle de leadership, l’Algérie d’aujourd’hui est un pays à la dérive, où la célébration de l’indépendance n’est qu’un spectacle creux, incapable de masquer l’humiliation quotidienne d’un peuple trahi par ceux qui prétendent le représenter.