Les prix du pétrole se sont maintenus dans une relative stabilité en ce début de semaine, alors que les marchés digèrent les effets encore flous des dernières sanctions imposées par l’Union européenne contre la Russie. Malgré la rhétorique musclée de Bruxelles et les nouvelles mesures punitives visant à restreindre les revenus pétroliers de Moscou, les traders semblent adopter une posture prudente, oscillant entre scepticisme et attente d’un alignement plus large, notamment du côté américain.
Lors de la séance de lundi 20 juillet, le baril de Brent s’échangeait autour de 69,39 dollars, en légère hausse après une semaine de baisse de près de 1,5 %, la première depuis le début du mois. Le WTI, de son côté, restait stable à 67,53 dollars le baril. Cette modération des prix traduit la complexité de l’environnement géopolitique et économique actuel, dominé par une guerre en Ukraine qui s’enlise, des tensions commerciales transatlantiques et une production accrue des pays du Golfe.
L’UE a dévoilé vendredi dernier un 18e paquet de sanctions visant spécifiquement le pétrole russe. Parmi les mesures phares figure un nouveau mécanisme de plafonnement flottant du prix du brut russe, destiné à maintenir les exportations russes à un prix inférieur de 15 % au marché. Prévu pour entrer en vigueur le 3 septembre, ce dispositif s’accompagne d’un renforcement des restrictions logistiques : 105 navires pétroliers supplémentaires ont été ajoutés à la liste noire européenne, dans une tentative de briser la « flotte fantôme » qui permet à la Russie de contourner les plafonds précédents.
Mais sur les marchés, la réaction reste modérée, voire indifférente. Les analystes d’ING soulignent que tant que le G7 n’abaissera pas son propre plafond, ces nouvelles mesures européennes risquent de rester symboliques. La Russie, anticipant ces manœuvres, a multiplié les alliances parallèles, notamment via l’Inde et la Chine, et mis en place des systèmes de transport alternatifs pour maintenir ses flux d’exportation.
Dans le même temps, la diplomatie américaine ajoute à l’incertitude. Le président Donald Trump a récemment menacé d’imposer de nouvelles sanctions aux acheteurs de pétrole russe si aucun accord de paix n’était conclu entre Moscou et Kiev d’ici 50 jours. Ces déclarations interviennent alors que de nouveaux tarifs douaniers américains sur les importations européennes sont attendus dès le 1er août, attisant les craintes d’une escalade commerciale qui pourrait freiner la croissance mondiale et, par ricochet, la demande en énergie.
La baisse du nombre de plateformes pétrolières actives aux États-Unis, annoncée par Baker Hughes – au plus bas depuis 2021 – pourrait théoriquement offrir un soutien aux prix. Mais cette contraction de l’offre domestique reste marginale face aux volumes globaux en jeu, notamment avec l’augmentation récente de la production au Moyen-Orient.
L’autre dossier brûlant concerne l’Iran. Le régime de Téhéran, également sous le coup de sanctions internationales, devrait rencontrer des représentants britanniques, français et allemands à Istanbul le 25 août, pour discuter de la coopération énergétique et d’un éventuel allégement des mesures punitives. Une détente sur ce front pourrait rebattre les cartes du marché pétrolier en introduisant davantage de volume alternatif.
À court terme, les analystes prévoient que les prix du brut évolueront dans une fourchette étroite de 64 à 70 dollars le baril, dans l’attente de données plus concrètes sur les stocks mondiaux et sur le niveau réel de mise en œuvre des sanctions.