Pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre en avril 2023, le président du Conseil de souveraineté soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, a atterri samedi à Khartoum à bord d’un avion civil. Un acte hautement symbolique, porteur d’un message clair : l’État soudanais revient au cœur de sa capitale meurtrie.
Accompagné de hauts gradés militaires, Al-Burhan s’est immédiatement rendu au quartier général de l’armée, situé près de l’aéroport international de Khartoum, un site stratégique autrefois théâtre d’intenses combats contre les Forces de soutien rapide (FSR). Le général a été accueilli par le chef d’état-major, le lieutenant-général Mohamed Osman Al-Hussein, qui l’a informé des derniers développements sur le terrain. Selon les mots d’Al-Burhan, il s’agit désormais d’une « guerre de la dignité nationale ».
Jusqu’à présent, le retour à Khartoum n’était possible que via des vols militaires en hélicoptère. L’atterrissage en avion civil est une démonstration de confiance dans la sécurisation progressive de la ville.
Dans un geste coordonné, le nouveau Premier ministre, Kamil Idris – nommé en mai 2025 – a également effectué sa première visite officielle à Khartoum. Accompagné d’une délégation gouvernementale, il a inspecté les infrastructures détruites : l’aéroport, les ponts effondrés, les stations d’eau hors service. Le message qu’il a porté est ambitieux : reconstruire Khartoum en six mois et en faire une capitale digne et fière, symbole du renouveau national.
« Nous allons reconstruire une capitale plus forte, plus moderne, et tournée vers l’avenir », a déclaré Idris à la presse locale et internationale. Il a également affirmé que les infrastructures nationales seraient restaurées dans un meilleur état qu’avant la guerre.
Mais la tâche s’annonce titanesque. Le conflit entre les forces armées dirigées par Al-Burhan et les FSR de Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti) a causé des dizaines de milliers de morts et poussé 3,5 millions de personnes à fuir Khartoum. Aujourd’hui, la capitale n’est plus qu’un champ de ruines, vidée de ses habitants et écrasée par deux ans de combats intenses.
Le gouvernement évalue le coût total de la reconstruction du pays à environ 700 milliards de dollars, dont la moitié pour Khartoum. Le projet inclut la réhabilitation d’infrastructures clés comme la raffinerie de Jelei, dans le nord de la capitale,. Sa remise en service devrait prendre plusieurs années et nécessiter plus de 1,3 milliard de dollars.
Installé à Port-Soudan depuis le début de la guerre, le gouvernement de transition prépare désormais son retour graduel à Khartoum. Des opérations sont déjà en cours pour enterrer les corps abandonnés, neutraliser les munitions non explosées et relancer les services administratifs.
Malgré les annonces prometteuses, la guerre continue de faire rage dans d’autres régions du pays. Les combats au Sud-Kordofan et au Darfour se sont intensifiés, et les FSR sont accusées de massacres récents visant à étendre leur influence dans l’ouest du pays.