Le ministère palestinien des Affaires étrangères a dénoncé « dans les termes les plus forts » la visite surprise du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, au leader palestinien emprisonné Marwan Barghouti, qualifiant l’initiative de « provocation sans précédent » et « d’acte de terrorisme d’État organisé ».
Selon Ramallah, Ben-Gvir a mené un « assaut » contre les quartiers d’isolement de la prison de Rimon et adressé des « menaces directes » à Barghouti. Le ministère affirme que cet acte s’inscrit dans « les crimes de génocide, de déplacement et d’annexion » commis contre le peuple palestinien et ses prisonniers.
Israël a arrêté Barghouti en avril 2002 et l’a condamné à cinq peines de prison à vie et à 40 ans de détention pour sa responsabilité dans des opérations menées par des groupes armés affiliés au mouvement Fatah, ayant entraîné morts et blessés parmi les Israéliens. Des accusations qu’il a toujours niées.
La visite, immortalisée dans une vidéo diffusée sur X, montre Ben-Gvir déclarant à un Barghouti amaigri : « Vous ne gagnerez pas. Quiconque menace Israël sera éliminé ». Elle intervient au lendemain des propos du ministre des Finances, Bezalel Smotrich, promettant « d’enterrer » définitivement l’idée d’un État palestinien, parallèlement à l’annonce d’un nouveau projet de colonisation visant à isoler Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie.
La famille de Barghouti a exprimé son choc face à l’altération de son visage, à l’épuisement et à la faim qu’il endure, comme de nombreux prisonniers. Elle a déclaré craindre pour sa vie en détention.
Raed Abu al-Hummus, chef de l’Autorité palestinienne pour les affaires des prisonniers, a lui aussi exprimé son inquiétude, dénonçant « une menace publique » et « un franchissement de toutes les lignes rouges » après l’irruption de Ben-Gvir dans la cellule de Barghouti. « Ben-Gvir est celui qui a torturé des prisonniers devant les caméras, un extrémiste au long passé de haine et de racisme. Oser attaquer un dirigeant de l’envergure d’Abou al-Qassam (Barghouti), c’est franchir toutes les limites. Nous sommes inquiets pour sa vie », a-t-il ajouté.
Le ministère palestinien a tenu le gouvernement israélien « pleinement et directement responsable » de la sécurité de Barghouti et de tous les détenus, exhortant à une intervention internationale « urgente et authentique » pour mettre fin à « la brutalité de l’occupation » et obtenir « la libération immédiate » des prisonniers.
Cette nouvelle confrontation symbolique entre Ben-Gvir et Barghouti intervient alors que le processus de paix est moribond, étouffé par l’expansion accélérée des colonies et par un climat politique israélien dominé par l’extrême droite, réduisant encore la perspective d’une solution à deux États.