Kinshasa, 12 septembre 2025 – La République démocratique du Congo est de nouveau en deuil. En moins de 48 heures, deux catastrophes fluviales ont coûté la vie à plus de 280 personnes, exposant l’ampleur d’une tragédie évitable et la négligence chronique des autorités.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, un bateau surchargé a chaviré sur la rivière Kwa, en province du Mai-Ndombe, faisant au moins 86 morts, dont une majorité d’étudiants rentrant chez eux après leurs examens universitaires. L’embarcation, conçue pour 100 passagers, transportait plus de 200 personnes. La surcharge et la navigation nocturne interdite ont transformé ce trajet en véritable cimetière flottant.
Quelques heures plus tard, une baleinière à double extrémité a pris feu sur le fleuve Congo, près de Malange, dans le territoire de Lukolela. L’incendie a fait au moins 107 morts, détruit la cargaison du navire et enflammé 15 habitations riveraines. 209 survivants ont été secourus, mais 146 personnes restent portées disparues. Les secours, composés de la marine nationale et de bénévoles locaux, luttent contre les conditions difficiles pour retrouver les victimes.
Ces drames révèlent une vérité accablante : le transport fluvial, vital pour relier les villages isolés de la RDC, est devenu un piège mortel. Les bateaux vétustes, souvent en bois, surchargés, dépourvus de gilets de sauvetage et utilisés de nuit, constituent un danger permanent. Des dizaines de catastrophes similaires ont endeuillé le pays cette année.
La colère monte face à l’inaction des autorités. « Tant que l’État ne mettra pas fin aux surcharges et à la navigation nocturne, nous continuerons à enterrer nos enfants », dénonce Akula Mboyo, militant de la société civile. Les critiques dénoncent l’absence de contrôles stricts, le manque d’investissements pour sécuriser les voies navigables et la flotte d’embarcations artisanales laissée à l’abandon.
Dans ce vaste pays, les vieux bateaux en bois restent souvent le seul lien entre les villages, mais ils se transforment régulièrement en cercueils flottants. Ces tragédies successives rappellent l’urgence d’une réforme profonde du secteur fluvial, sans régulation rigoureuse, investissement dans des bateaux sûrs et infrastructures adaptées, le fleuve Congo continuera d’engloutir des vies innocentes.