L’OPEP+ a décidé de suspendre son plan d’augmentation de production pour le premier trimestre de l’année prochaine. Suite à cette annonce, les prix internationaux du pétrole ont immédiatement à l’ouverture des marchés, lundi 3 novembre.
Réunis en ligne dimanche, les membres de l’alliance pétrolière ont décidé d’augmenter légèrement leur production de 137 000 barils par jour en décembre, une hausse similaire à celles d’octobre et de novembre. Mais au-delà de cette infime progression, l’organisation a choisi de geler toute augmentation supplémentaire jusqu’à la fin du premier trimestre 2026.
Selon plusieurs observateurs, cette stratégie prudente vise à éviter un déséquilibre entre l’offre et la demande durant l’hiver, période traditionnellement plus faible pour la consommation énergétique. Helima Croft, analyste chez RBC Capital Markets, estime que « la décision de l’OPEP+ reflète une gestion rigoureuse et réaliste du marché face aux incertitudes économiques et à la faiblesse saisonnière de la demande ».
La décision a été bien accueillie par les investisseurs. À l’ouverture des marchés asiatiques lundi, le Brent de la mer du Nord a progressé de 0,37 % pour atteindre 65,10 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) gagnait 0,38 %, à 61,19 dollars le baril.
Pour Amrita Sen, cofondatrice du cabinet de conseil Energy Aspects, « ce gel temporaire traduit la volonté de l’OPEP+ de prévenir toute nouvelle pression à la baisse sur les prix et de consolider la stabilité du marché mondial ».
En parallèle, la production pétrolière américaine continue de battre des records. Selon le Département de l’Énergie (DOE), les États-Unis ont produit en moyenne 13,644 millions de barils par jour la semaine du 24 octobre, un nouveau sommet historique. Le rapport mensuel du DOE pour octobre confirme que la production a franchi pour la première fois le cap des 13,6 millions de barils par jour en juillet.
Le Financial Times souligne que ExxonMobil et Chevron, les deux géants du secteur, ont eux aussi atteint des niveaux record de production, consolidant la suprématie américaine sur le marché mondial du pétrole brut.
Malgré cette dynamique, le marché reste fragile. En octobre, les cours du brut ont reculé pour un troisième mois consécutif, atteignant leur plus bas niveau en cinq mois, sous l’effet combiné d’une demande atone et d’une offre excédentaire.
Sur le plan géopolitique, une attaque de drone ukrainienne contre un port russe de la mer Noire a brièvement ravivé les craintes de perturbations de l’approvisionnement, sans toutefois inverser la tendance. Les analystes jugent que ces événements auront un impact limité sur les prix, la production américaine jouant un rôle d’amortisseur.
D’après les estimations du marché, l’excédent d’offre hivernal devrait se maintenir entre 190 000 et 3 millions de barils par jour, un niveau jugé préoccupant mais gérable à court terme. La suspension décidée par l’OPEP+ apparaît ainsi comme une mesure de précaution stratégique, destinée à contenir la volatilité et à restaurer la confiance des marchés.
En somme, cette décision marque le retour à une politique de prudence pour l’alliance pétrolière, dans un contexte où la croissance mondiale hésite, les tensions géopolitiques persistent et la transition énergétique continue de bousculer les équilibres traditionnels du secteur.



























