Le 18 septembre 2025, la France se prépare à une mobilisation nationale d’ampleur contre le projet de budget 2026 et la politique d’Emmanuel Macron. Appelée par l’ensemble des syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU, Solidaires), cette grève promet de paralyser de nombreux secteurs, notamment les transports et l’éducation. Les autorités anticipent jusqu’à 400 000 manifestants, soit le double de la mobilisation citoyenne « Bloquons tout » du 10 septembre. Voici un aperçu des perturbations attendues et des revendications portées par ce mouvement.
Pour la première fois depuis la mobilisation contre la réforme des retraites en juin 2023, tous les syndicats représentatifs s’unissent pour faire entendre leur opposition aux mesures budgétaires jugées « brutales ». Ces mesures incluent des coupes dans les services publics, une nouvelle réforme de l’assurance chômage, le gel des prestations sociales et des salaires des fonctionnaires, la désindexation des pensions de retraite, le doublement des franchises médicales et la remise en cause de la 5e semaine de congés payés. Malgré l’abandon de la suppression de deux jours fériés, annoncé comme une « première victoire » par Sophie Binet (CGT), les syndicats maintiennent la pression. La CFDT, habituellement moins encline aux manifestations, a réaffirmé sa participation, dénonçant un budget incompatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale.
Avec plus de 220 cortèges prévus à travers le pays, les syndicats ambitionnent de rassembler un million de personnes, selon Cyril Chabanier (CFTC). Les autorités, elles, craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux, ce qui pourrait compliquer le maintien de l’ordre.
Le secteur des transports sera particulièrement touché. À Paris, la RATP prévoit des perturbations majeures, qualifiées de « journée noire » par le ministre des Transports, Philippe Tabarot. Les quatre syndicats majoritaires de la RATP (CGT, FO, Unsa Mobilité, CFE-CGC) appellent à la grève, avec un taux de grévistes attendu de 90 % chez les conducteurs de métro et 80 % chez ceux du RER. Seules les lignes automatisées (1, 4 et 14) fonctionneront normalement. Les métros 7, 9, 10 circuleront uniquement aux heures de pointe, tandis que les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7bis, 8, 11 et 12 seront très perturbées, voire à l’arrêt pour certaines. Plusieurs lignes de bus seront fermées, et les tramways T5, T7 et T8 connaîtront des perturbations.
À la SNCF, les syndicats CGT-Cheminots, Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail et CFDT-Cheminots appellent également à la grève, impactant les RER, TER et Transiliens. Selon le ministère des Transports, 9 TGV sur 10 circuleront, mais les Intercités seront fortement touchés (un train sur deux), et les TER fonctionneront à hauteur de 3 sur 5. Des disparités régionales sont à prévoir. Dans les airs, Air France anticipe des perturbations en raison des préavis de grève déposés par FO, CGT et CFDT, bien que le principal syndicat de contrôleurs aériens ait reporté son action.
La RATP recommande aux voyageurs de privilégier le télétravail ou de reporter leurs déplacements, tandis que les transports scolaires devraient être globalement assurés.
Le secteur de l’éducation ne sera pas épargné. La FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire, prévoit qu’un tiers des enseignants des écoles maternelles et élémentaires feront grève. Cette mobilisation vise à dénoncer le manque de moyens pour l’école publique, avec près de 3 000 classes sans enseignant affecté à la rentrée et 80 % des écoles ayant des classes de plus de 22 élèves. La FSU-Snuipp pointe également l’absence d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) pour 57 % des établissements concernés. Des perturbations sont aussi attendues dans les accueils de loisirs et les cantines de certaines communes, contrairement à la mobilisation du 10 septembre, qui avait surtout touché le second degré.
Les syndicats dénoncent un « musée des horreurs » budgétaire, accusant le gouvernement de faire payer la crise aux travailleurs, précaires, retraités et malades. Malgré les promesses de « ruptures » du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, les rencontres avec les syndicats n’ont pas apaisé les tensions. Sophie Binet (CGT) a critiqué l’absence d’engagements concrets, tandis que Marylise Léon (CFDT) appelle à une refonte complète du budget. Les manifestants espèrent influencer les orientations du budget 2026, dans un contexte où l’abandon de la suppression des jours fériés a renforcé leur détermination.