Herdecke (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), 7 octobre 2025 – Iris Stalzer, 57 ans, avocate et nouvelle maire élue de la commune de Herdecke, gît entre la vie et la mort à l’hôpital après une agression au couteau d’une rare violence. Poignardée à 13 reprises au dos et à l’abdomen ce mardi midi près de son domicile, cette élue social-démocrate (SPD) incarne le cauchemar d’une famille brisée et d’une ville sous le choc. Élue le 28 septembre avec 52,2 % des voix lors d’un second tour, elle devait prêter serment début novembre, marquant la fin de 16 ans de règne CDU dans cette bourgade ouvrière du bassin de la Ruhr.
Les faits se sont déroulés vers 12h40 dans le paisible quartier de Herrentisch, à deux pas du centre-ville. Selon les premiers témoignages recueillis par la police de Hagen, Iris Stalzer rentrait chez elle après une matinée de travail lorsqu’elle a été attaquée dans la rue. Touchée à de multiples reprises par une lame, elle a lutté pour regagner son domicile, laissant une traînée de sang sur le trottoir. C’est là que ses enfants adoptifs – un fils de 15 ans et une fille de 17 ans – l’ont découverte effondrée dans l’entrée, agonisante.
« Elle saignait abondamment, elle arrivait à peine à parler », a confié une source proche des secours. Alertés par un appel paniqué des adolescents, les premiers intervenants ont trouvé la scène chaotique : la victime en état de choc hémorragique, les enfants en pleurs. Un hélicoptère de la police l’a évacuée en urgence vers l’hôpital universitaire Knappschaft de Bochum, où une équipe de chirurgiens vasculaires l’a opérée pendant plus de quatre heures. À 18h, son pronostic vital restait engagé : elle oscille entre conscience fugace et coma artificiel, avec des lésions internes graves affectant foie, rate et poumons.
Le parquet de Hagen, saisi pour tentative de meurtre, penche pour un motif familial pur et dur. « Aucune trace d’une motivation politique ou extérieure. Tout pointe vers un conflit intime », a déclaré un porte-parole lors d’un point presse l’après-midi. Des antécédents lourds pèsent sur le foyer : à l’été 2024, les services sociaux et la police étaient intervenus pour des violences domestiques récurrentes, impliquant notamment la fille adoptive lors d’une rixe au couteau qui avait nécessité une hospitalisation. Le fils de 15 ans, présent sur les lieux, a été conduit menotté au commissariat pour interrogatoire et expertise médico-légale – une mesure de précaution pour préserver les preuves, insistent les autorités, qui écartent pour l’instant toute implication directe de l’adolescent.
Un témoin oculaire, un voisin de 62 ans, a rapporté avoir entendu une « dispute violente » impliquant des cris et des pleurs peu avant l’agression. Des analyses ADN et balistiques sur l’arme – un couteau de cuisine abandonné sur place – sont en cours, tandis qu’une battue policière discrète cible le cercle familial élargi. « Nous n’excluons rien, mais le mobile semble profondément personnel », a ajouté le procureur. Les spéculations sur les réseaux sociaux, évoquant des origines migratoires des enfants adoptifs ou une vendetta politique, sont balayées par les enquêteurs : « La rumeur est toxique, les faits parlent d’eux-mêmes. »
L’Allemagne entière retient son souffle. Le chancelier Friedrich Merz (CDU) a réagi le premier sur X : « Cet acte odieux nous glace le sang. Iris Stalzer, une femme de conviction, doit survivre. Mes prières pour elle et sa famille, et que justice soit faite sans délai. » Du côté du SPD, Matthias Miersch, chef de file au Bundestag, a annulé une session pour un hommage improvisé : « C’est un coup porté à notre démocratie locale. Iris est une battante ; elle vaincra cette épreuve. »
À Herdecke, la nouvelle a paralysé la vie quotidienne. Dennis Osberg, premier adjoint et colistier de Stalzer, a convoqué une réunion d’urgence : « La ville est en deuil anticipé. Iris est notre phare ; nous prions pour un miracle. Tous les événements publics sont annulés. » Des fleurs et bougies s’amoncellent déjà devant la mairie, tandis que Frederick Cordes, secrétaire général du SPD régional, dénonce un « climat de violence qui gangrène nos communes ».
Ce drame personnel ravive les plaies d’un pays hanté par la violence politique. L’assassinat de Walter Lübcke en 2019 par un extrémiste de droite, ou la tentative de meurtre contre Henriette Reker en 2015 à Cologne – poignardée la veille de son élection –, hantent les mémoires. Une enquête de l’Institut pour la démocratie, publiée en septembre, alerte : 60 % des élus locaux allemands ont subi des agressions physiques ou verbales, et 21 % évitent désormais les apparitions publiques par peur. « Même sans mobile politique, cela interroge notre société », note un expert en criminologie de l’université de Dortmund.
Tandis que les chirurgiens luttent pour sa survie, Herdecke – 22 500 âmes forgées dans l’acier de la Ruhr – attend des nouvelles. L’enquête, avec ses auditions sous tension et ses fouilles minutieuses, promet des révélations dans les 48 heures. Pour l’instant, une mère, une élue, une femme, défie la mort dans un silence médical oppressant. L’Allemagne, elle, guette le verdict du destin.