Lors d’une visite au Sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), a dévoilé sans détour sa stratégie : paralyser toute tentative de gouvernement jusqu’à ce que l’Assemblée nationale soit dissoute.
« Je censure tout. Là, maintenant, stop. La plaisanterie a assez duré », a lancé la dirigeante d’extrême droite, fustigeant une classe politique « terrorisée à l’idée de perdre ses privilèges ».
« Certains sont prêts à se couper un membre pour garder leur place. Il n’y a que l’arbitrage du peuple français qui peut redonner une direction au pays », a-t-elle ajouté.
Le RN, qui refuse de participer aux négociations de sortie de crise, bloque activement toute tentative de formation d’un nouveau gouvernement. Selon Marine Le Pen, Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire, fait preuve d’un « optimisme déconnecté » en estimant que la dissolution s’éloigne.
Elle exige des mesures radicales : dissolution immédiate ou démission présidentielle.
« Maintenant, on siffle la fin de la récréation. Et le début de la campagne », a-t-elle conclu, donnant le ton d’un bras de fer politique inédit.
Depuis les élections anticipées de 2024, la France s’enlise dans une impasse politique. Emmanuel Macron, qui espérait renforcer sa majorité, fait face à un Parlement éclaté et à une extrême droite plus puissante que jamais.
En deux ans, deux Premiers ministres ont été renversés, et Sébastien Lecornu, cinquième chef du gouvernement depuis 2023, tente désespérément de maintenir un semblant de stabilité.
La réforme des retraites et la hausse du coût de la vie ont exacerbé la colère sociale. Marine Le Pen a su capitaliser sur ce mécontentement pour imposer sa ligne dure : aucun gouvernement ne tiendra tant que le peuple ne sera pas de nouveau consulté.
Malgré ce climat explosif, le Premier ministre par intérim Sébastien Lecornu a affiché mercredi un optimisme mesuré.
« J’ai dit au président de la République que je pense que la situation lui permet de nommer un Premier ministre dans les prochaines 48 heures », a-t-il déclaré sur France 2.
Lecornu, qui avait présenté lundi sa démission et celle de son équipe seulement quelques heures après l’annonce du gouvernement – le plus éphémère de la Ve République – poursuit néanmoins ses consultations transpartisanes à la demande d’Emmanuel Macron. Objectif : désamorcer la crise et éviter de nouvelles législatives.
Le ministre a confirmé qu’il ne briguerait pas Matignon et a refusé de dévoiler le profil du futur Premier ministre, renvoyant la décision finale au président.
Face à cette crise politique prolongée, les marchés financiers oscillent entre nervosité et espoir prudent.
Mercredi, les actifs français ont légèrement rebondi après les propos de Lecornu : le CAC 40 a progressé de 1,1 %, tandis que les obligations françaises surperformaient leurs homologues de la zone euro — grâce notamment à la perspective d’un budget adopté avant la fin de l’année.
Mais l’économie française reste plombée par un déficit budgétaire abyssal et une croissance à la traîne, conséquence directe de la paralysie politique.
Interdite de candidature présidentielle en raison de sa condamnation pour corruption, Marine Le Pen reste la figure tutélaire du RN. Selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL, Jordan Bardella obtiendrait 35 % des suffrages au premier tour d’une éventuelle élection anticipée, loin devant Édouard Philippe (16 %).
Dans ce climat de défiance généralisée, le Rassemblement national s’impose comme l’arbitre du destin politique français, tandis que Macron, n’a plus que deux options :
Nommer un nouveau Premier ministre pour sauver son quinquennat… ou rendre la parole au peuple.