Le président Emmanuel Macron a surpris la scène politique française en reconduisant Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre, quelques jours seulement après la démission de ce dernier. Cette décision marque une étape cruciale dans la tentative du président de sortir son gouvernement de l’impasse politique qui paralyse le pays depuis plusieurs mois.
Sébastien Lecornu avait initialement présenté sa démission lundi dernier, invoquant des « conflits partisans » liés à l’élection présidentielle de 2027 et aux tensions croissantes entre les partis à l’Assemblée nationale. Malgré ce départ, Macron lui a donné une nouvelle chance et l’a chargé de former un gouvernement capable de stabiliser la situation politique et de préparer le budget 2026.
Dans une déclaration publique, Lecornu a insisté sur son sens du devoir et a affirmé vouloir répondre aux attentes des citoyens tout en garantissant la transparence et l’efficacité de l’action gouvernementale. Il a précisé que tous les membres de son cabinet devraient renoncer à leurs ambitions présidentielles pour 2027, et que le gouvernement refléterait la diversité, l’innovation et la compétence, afin de restaurer la confiance dans les institutions.
La reconduction de Lecornu a déclenché une forte réaction de l’opposition. La France insoumise (LFI), par la voix de Mathilde Panot, a dénoncé un « gouvernement imposé par le dégoût et la colère » et a appelé les parlementaires de gauche à déposer une motion de censure immédiate et une nouvelle motion de destitution contre le président.
De son côté, le Rassemblement national (RN), dirigé par Jordan Bardella, a qualifié cette décision de « honte démocratique » et d’« humiliation pour les Français ». Selon Bardella, le nouveau gouvernement Lecornu II est un « attelage sans avenir » qui ne parviendra pas à résoudre les crises structurelles de la France. Les partis Verts, Socialiste et le Parti communiste avaient auparavant appelé à un gouvernement d’ouverture ou de consensus, appel rejeté par Macron au profit de la reconduction de Lecornu.
La France traverse une période critique sur le plan économique et social. La dette publique a atteint 3 900 milliards de dollars, soit 114 % du PIB, au premier trimestre 2025. Le taux de pauvreté a atteint 15,4 % en 2023, son plus haut niveau depuis 1996. Ces chiffres interviennent dans un contexte de croissance économique stagnante et d’inflation persistante, fragilisant le pouvoir d’achat des ménages.
En parallèle, le gouvernement Macron est confronté à une Assemblée nationale fragmentée, ce qui complique la mise en œuvre de réformes majeures, telles que la réforme controversée des retraites promulguée en 2023 malgré l’opposition massive. Plusieurs analystes estiment que Macron pourrait désormais être contraint de revoir ou d’adapter cette réforme impopulaire pour éviter de nouvelles contestations sociales.
Cette reconduction représente pour Macron une ultime opportunité de renforcer son mandat et d’éviter une crise institutionnelle majeure avant la présidentielle de 2027. Pour Lecornu, le défi est double : consolider un gouvernement capable de fonctionner efficacement dans un Parlement divisé et préparer le budget 2026, tout en restaurer la confiance des Français dans les institutions.