L’Algérie a annoncé, ce dimanche, une augmentation de 4 000 barils par jour de sa production pétrolière à compter de décembre 2025. Cette mesure, décidée lors d’une réunion ministérielle virtuelle des huit pays de l’OPEP+ engagés dans des ajustements volontaires, illustre la volonté d’Alger de maintenir sa crédibilité au sein du cartel tout en composant avec les limites de son appareil productif.Mais derrière cette hausse marginale se cache une réalité moins reluisante : celle d’un pays qui n’a plus les moyens de ses ambitions énergétiques.
La réunion, à laquelle participaient notamment les ministres du Pétrole d’Arabie saoudite, de Russie, du Koweït et des Émirats arabes unis, s’est conclue par une augmentation collective de 137 000 barils/jour pour décembre. Pour l’Algérie, cette hausse de 4 000 barils n’aura qu’un impact dérisoire sur les recettes publiques, mais elle permet au ministre Mohamed Arkab de se présenter comme un partenaire « discipliné » et « coopératif » au sein de l’OPEP+.
Cette pâle apparence n’est qu’un signe supplémentaire de l’absence de réelle marge de manœuvre du pays. La production algérienne, plafonnant autour de 950 000 barils par jour, peine à retrouver son niveau d’avant 2019. Les ambitions affichées d’atteindre 1,2 million de barils/jour demeurent hypothétiques, faute d’investissements conséquents et de projets de prospection crédibles.
Au cœur du dispositif, Sonatrach s’efforce, sans réel succès, de redresser une production stagnante depuis près d’une décennie. Engluée dans la bureaucratie et la gestion centralisée, la compagnie nationale souffre d’un déficit chronique d’innovation et d’un désintérêt croissant des investisseurs étranger
Malgré la réforme de la loi sur les hydrocarbures en 2019, censée assouplir les conditions d’investissement, les majors internationaux continuent de bouder le marché algérien, rebutées par l’instabilité réglementaire et la rigidité de la gouvernance publique.
Cette fragilité technique se double d’une vulnérabilité économique : près de 93 % des exportations algériennes restent liées aux hydrocarbures, tandis que la diversification promise par le gouvernement Tebboune demeure un mirage. Le pays continue de dépendre d’un baril à plus de 80 dollars pour équilibrer son budget — une dépendance dangereuse dans un contexte mondial de transition énergétique accélérée.
Le ministre Arkab a salué la décision de décembre comme le reflet d’une « approche coordonnée et prudente ». Mais cette rhétorique, destinée à rassurer les marchés, masque mal la réalité ,l’Algérie n’augmente pas, elle compense à peine.
La hausse de 4 000 barils par jour représente moins de 0,5 % de la production nationale, soit un volume insignifiant à l’échelle du marché mondial. En vérité, cette décision relève davantage de la symbolique diplomatique que d’une dynamique économique interne.
Le gel décidé pour le premier trimestre 2026, quant à lui, est justifié par une « baisse saisonnière de la demande ». En réalité, il traduit la crainte d’un déséquilibre interne : l’incapacité à suivre durablement une trajectoire haussière sans risquer des tensions sur les infrastructures vieillissantes.
Si cette augmentation symbolique vise à maintenir la stabilité du marché, elle met surtout en lumière la dépendance vitale du régime algérien à la rente pétrolière. Le budget 2026 repose toujours sur des hypothèses optimistes, tandis que la dépense publique explose, alimentée par des subventions massives et des programmes sociaux destinés à contenir le mécontentement populaire.
Le pays vit donc dans une illusion de stabilité : celle d’un État qui croit gérer sa rente, alors qu’il en est l’otage.Sans diversification réelle, sans réindustrialisation, et sans réforme profonde du secteur énergétique, chaque décision ministérielle devient une manœuvre de survie plus qu’une stratégie d’avenir.
Alors que les puissances énergétiques — de Riyad à Abou Dabi — se réinventent en diversifiant leurs économies et en investissant massivement dans l’hydrogène, les énergies renouvelables et la pétrochimie avancée, l’Algérie reste figée dans une logique extractiviste du XXe siècle.



























