Le ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations a enfin frappé du poing sur la table. Après plusieurs plaintes d’opérateurs économiques sur des blocages bancaires concernant les frais d’expédition (FRAAT) des importations, il a pris des mesures pour simplifier les opérations et lever ce qui s’apparente, selon certaines sources, à un véritable frein artificiel à l’économie nationale.
Selon des informations obtenues par nos soins, certaines banques publiques, dont la Banque nationale d’Algérie (BNA) et la Banque extérieure d’Algérie (BEA), ont exigé de manière unilatérale une « autorisation préalable » pour l’ouverture de carnets de factures incluant les frais d’expédition. Une pratique totalement étrangère à la réglementation en vigueur, puisque ces frais ne font pas partie des licences requises pour les importations classiques.
Face à cette situation, le ministère a adressé un courrier officiel à l’Association professionnelle des banques et institutions financières (ABEF), demandant la suppression immédiate de cette exigence et l’allègement de la charge administrative pesant sur les importateurs. L’objectif : garantir un traitement rapide des opérations et restaurer la confiance entre les opérateurs économiques et le système bancaire.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les importations algériennes ont augmenté de 24,8 % au premier semestre 2025 par rapport à 2024, atteignant 3 767 milliards de dinars, selon l’ONS. Cette hausse concerne particulièrement les biens d’équipement (+39,5 % pour les matériels électriques) et les produits alimentaires essentiels, malgré une baisse moyenne des prix mondiaux (-6,9 %). Le déficit commercial s’élève désormais à 711,5 milliards de dinars, alors qu’il était excédentaire de 256 milliards un an plus tôt, et le taux de couverture n’est plus que de 81,1 %.
Pour les PME – 97 % du tissu économique et 40 % de l’emploi non agricole – ces blocages se traduisaient par des surcoûts cumulés estimés à 2-3 % du chiffre d’affaires. La levée des FRAAT pourrait réduire ces coûts de 20-30 %, accélérant les cycles d’importation et libérant des marges pour investir dans la productivité. Pour les grands importateurs, la simplification des flux logistiques renforce la compétitivité sur les marchés régionaux et pourrait injecter 500-700 millions de dollars supplémentaires dans le commerce d’ici fin 2025.
Historiquement, les banques publiques algériennes jouent un rôle ambivalent : elles sécurisent les flux de devises et financent les exportations, mais certaines pratiques internes – comme les autorisations préalables sur les FRAAT – ont freiné jusqu’à 30 % des opérations en 2024, selon des rapports de l’ABEF.
Désormais, elles devront fournir chaque mois les produits de domiciliation bancaire relatifs aux FRAAT au ministère, s’inscrivant dans une logique de coordination renforcée. L’objectif affiché : transformer ces institutions en partenaires proactifs du commerce extérieur, plutôt qu’en obstacles bureaucratiques. Une numérisation accrue des paiements via ARTS et un suivi rigoureux des flux permettront de limiter les risques de fraude ou de surendettement tout en stimulant les échanges non pétroliers.
Cette décision n’est pas un simple ajustement administratif : c’est un pivot stratégique pour fluidifier le commerce extérieur, sécuriser les importations et soutenir la compétitivité des entreprises algériennes. Le ministère rappelle que les importations de marchandises destinées à la revente ou à la transformation restent soumises au programme prévisionnel et à la domiciliation bancaire, garantissant ainsi un contrôle rigoureux tout en allégeant les démarches pour les frais d’expédition jusqu’au 31 décembre 2025.
En facilitant ces opérations, l’État envoie un message clair : la transparence et l’agilité sont désormais prioritaires. Pour les opérateurs, c’est une bouffée d’oxygène ; pour l’Algérie, un pari sur la diversification et la résilience économique. La vigilance reste de mise : une évaluation mi-2026 sera déterminante pour éviter un retour aux anciennes pratiques bureaucratiques qui ont failli paralyser le commerce extérieur.


























