Le ministre de la«Santé », Abdelhak Saihi, s’est offert une rencontre hautement symbolique avec Raouf Mazou, assistant du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés. Une question saute immédiatement aux yeux : depuis quand la santé a-t-elle un rôle à jouer dans les affaires des réfugiés ? Ah oui, peut-être parce que notre ministère des Affaires étrangères est occupé à surveiller les étoiles ou à compter les grains de sable du Sahara. Quoi qu’il en soit, le Haut Commissaire, visiblement bien nourri grâce à quelques millions de dollars sortis des poches d’un peuple à bout de souffle, s’est empressé de couvrir le régime d’éloges. Selon lui, l’Algérie est un modèle d’humanité. Oui, vous avez bien lu : un modèle.
Mais ce que notre cher commissaire ignore, ou feint d’ignorer, c’est que ce « modèle » a un visage bien sombre. Dans les camps de Tindouf, les réfugiés sahraouis survivent dans des conditions que même les récits dystopiques peinent à décrire. Pas d’eau, pas d’électricité, et des égouts ? Inutile d’en parler. Les vivres et l’aide internationale ? Ah, elles se perdent mystérieusement dans les poches des généraux avant de finir sur les marchés mauritaniens et sénégalais. Mais ne vous inquiétez pas, il reste parfois quelques miettes pour maintenir les apparences.
Et que dire des réfugiés syriens, palestiniens et africains ? Les Syriens, pillés jusqu’au dernier sou, sont gentiment escortés vers le désert pour y mourir de soif, ou abandonnés à la frontière comme des colis indésirables. Les Palestiniens, eux, se retrouvent en prison pour une peccadille administrative : leur titre de séjour expiré. Quant aux Africains, ils sont accueillis avec tout le raffinement qu’on réserve aux bêtes de somme. Traités comme du bétail, beaucoup finissent vendus sur les marchés de l’esclavage en Libye, ou envoyés à la mer dans des embarcations de fortune.
Mais ne soyons pas trop durs. Après tout, si le régime militaire affame et oppresse son propre peuple, comment pourrait-on attendre un meilleur traitement pour des réfugiés étrangers ? En réalité, c’est presque un miracle que certains arrivent encore à survivre dans ce grand théâtre de l’absurde qu’on appelle l’Algérie des généraux.