La signature d’un accord de paix entre les autorités éthiopiennes et l’Armée de libération de l’Oromo (ALO) marque un tournant majeur dans les efforts de stabilisation d’une région profondément marquée par des décennies de conflit. Cet événement met en lumière non seulement l’ampleur des défis auxquels l’Éthiopie est confrontée, mais aussi la complexité des dynamiques politiques et ethniques qui définissent ce pays.
Depuis sa création en 1973, l’ALO a incarné la branche armée du Front de libération oromo, militant pour l’indépendance de l’Oromo, l’État fédéré le plus peuplé d’Éthiopie. Les tensions qui opposent cette organisation aux autorités centrales ont longtemps trouvé leurs racines dans un sentiment d’exclusion et de marginalisation des populations Oromo, alimenté par des politiques perçues comme centralisatrices et dominées par d’autres groupes ethniques. Ce conflit a non seulement coûté des vies humaines, mais il a également exacerbé les fractures sociales, économiques et politiques au sein de l’État.
La déclaration de Jal Senay Negasa, ancien commandant de l’ALO, selon laquelle la guerre n’a apporté aucun bénéfice et a causé des dommages aux civils, reflète un tournant dans la stratégie des rebelles. En acceptant de déposer les armes et de réintégrer la société civile, l’ALO ouvre la voie à une désescalade des violences. L’accord de paix prévoit des mesures concrètes pour pacifier la région et réintégrer les anciens combattants, des étapes cruciales pour garantir une paix durable.
Cependant, la mise en œuvre de cet accord sera déterminante. Les accords de paix dans la région ont souvent échoué par le passé en raison d’un manque de confiance mutuelle, d’une mauvaise coordination ou de l’incapacité à traiter les causes profondes des conflits.
Bien que cet accord soit porteur d’espoir, les défis demeurent immenses. Le gouvernement fédéral doit démontrer sa capacité à répondre aux revendications des Oromo, en matière de justice sociale, d’autonomie et de développement économique. Dans le même temps, il sera essentiel d’empêcher la résurgence de groupes dissidents, qui pourraient compromettre les efforts de réconciliation.
La dimension régionale de cette pacification ne doit pas être négligée. L’instabilité dans l’Oromo a des répercussions sur l’ensemble de la Corne de l’Afrique, une région déjà fragilisée par d’autres conflits. La communauté internationale, notamment l’Union africaine, pourrait jouer un rôle clé en soutenant la mise en œuvre de cet accord et en aidant à renforcer les institutions locales.
La signature de cet accord témoigne d’une volonté politique des deux parties de privilégier la paix. Elle s’inscrit dans un contexte où le gouvernement éthiopien semble vouloir s’engager davantage dans le dialogue avec les différentes forces politiques et ethniques du pays. Si ce processus aboutit, il pourrait devenir un modèle pour d’autres régions en proie à des conflits similaires.
Toutefois, la réussite de cet accord dépendra de la capacité des autorités et des anciens rebelles à surmonter leurs divergences et à construire une paix fondée sur la confiance, l’inclusion et le développement équitable. Pour l’instant, cet accord reste une avancée importante, mais prudente, vers la stabilité et la réconciliation en Éthiopie.