Alors que les relations entre l’Algérie et l’Espagne restent officiellement tendues depuis le soutien de Madrid au plan marocain sur le Sahara Occidental, l’arrivée d’un navire transportant 13.000 têtes de moutons espagnols au port d’Oran soulève de nombreuses interrogations. Cette importation, présentée comme une opération logistique banale dans le cadre de la préparation de l’Aïd El-Adha, révèle en réalité un profond décalage entre le discours politique et les actes économiques.
Comment justifier une telle collaboration commerciale avec un pays que l’État algérien accuse de trahison géopolitique ? Ce choix brouille les lignes d’une diplomatie qui se veut ferme et souveraine. En poursuivant des transactions aussi sensibles dans le contexte d’un conflit latent, les autorités donnent l’image d’une politique étrangère à géométrie variable, où les intérêts économiques de court terme l’emportent sur la cohérence stratégique.
Sur le plan interne, cette dépendance à l’importation de bétail révèle un autre malaise : celui de l’échec des politiques agricoles nationales. Malgré les discours récurrents sur la souveraineté alimentaire, l’Algérie reste incapable d’assurer par elle-même l’approvisionnement en moutons pour une fête religieuse majeure, et ce, malgré l’ampleur de son potentiel pastoral.
Enfin, le silence officiel sur le choix des pays fournisseurs renforce le malaise. Aucun responsable ne s’est exprimé pour expliquer pourquoi l’Espagne, malgré les tensions, reste un partenaire privilégié. Le gouvernement doit pourtant des comptes à ses citoyens : sur la logique de ses choix, sur la transparence de ses décisions, et surtout sur la cohérence de ses positions.
À l’heure où la diplomatie algérienne cherche à se repositionner sur la scène internationale, ces contradictions sapent sa crédibilité et alimentent la défiance. Car on ne peut pas exiger le respect sans commencer par être fidèle à ses propres principes.
