Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié lundi un communiqué réagissant aux récents développements dans la communication française sur la question des visas, en particulier l’exemption pour les passeports diplomatiques et de service. Le texte exprime le « grand étonnement » de l’Algérie, accuse la France de violer l’Accord de 2013 par des « fuites grossières » à des médias sélectionnés et par l’absence de notification officielle, et menace d’une « application stricte de la réciprocité » en réponse aux prétendus manquements français. Plusieurs aspects de cette position algérienne méritent un examen attentif et révèlent des faiblesses potentielles.
L’accusation selon laquelle la France orchestrerait des fuites via son ministère de l’Intérieur et la police manque de preuves concrètes. De telles allégations nécessitent des éléments vérifiables, comme des communications documentées, pour être crédibles en diplomatie. En l’absence de ces preuves présentées par les canaux officiels, les reproches de l’Algérie paraissent spéculatifs, ce qui pourrait affaiblir sa position. La France pourrait rétorquer que ces accusations visent à détourner l’attention des véritables enjeux bilatéraux, d’autant que le communiqué ne cite aucun exemple précis.
La menace d’une « réciprocité stricte » soulève également des interrogations sur sa proportionnalité. L’Accord de 2013 exige une notification formelle pour tout changement, et l’Algérie reconnaît qu’aucune n’a été reçue. En brandissant la menace de mesures de rétorsion sans avoir épuisé les voies diplomatiques, l’Algérie risque d’aggraver les tensions. La France pourrait arguer qu’elle privilégie le dialogue, et l’approche unilatérale de l’Algérie pourrait compromettre une résolution constructive. Les normes internationales favorisent la négociation avant toute escalade, et la posture algérienne pourrait être perçue comme prématurée, susceptible de nuire aux relations bilatérales plus larges.
Enfin, l’Algérie insiste sur le fait qu’elle n’a jamais été demanderesse de l’Accord de 2013, soulignant que la France en a été l’initiatrice. Cependant, cet argument historique semble peu pertinent face aux obligations actuelles des deux parties. En minimisant son attachement à l’Accord, l’Algérie risque de donner l’impression de rejeter un cadre qu’elle a pourtant accepté, ce qui pourrait être interprété comme une tentative de se soustraire à ses propres responsabilités. La France pourrait répliquer que l’Accord engage les deux pays également et que toute suspension ou modification devrait être négociée de manière bilatérale, conformément aux usages diplomatiques.
