Les cours du pétrole ont enregistré une nette hausse ce mardi, les investisseurs restant profondément préoccupés par les risques géopolitiques pesant sur l’approvisionnement mondial. La perspective d’un accord de paix ou d’une trêve imminente entre la Russie et l’Ukraine apparaît désormais peu probable.
« Les inquiétudes grandissent quant au fait que le conflit qui oppose depuis trois ans la Russie et l’Ukraine pourrait perturber davantage l’approvisionnement en pétrole », souligne Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Les attaques de drones ukrainiens se sont intensifiées, touchant jusqu’à 20 % des capacités de raffinage russes, selon Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management. Ces opérations ont entraîné la fermeture temporaire d’installations majeures, perturbant la production de pétrole et générant une incertitude supplémentaire sur les marchés internationaux.
Moscou pourrait tenter de compenser par une augmentation de ses exportations, mais « il existe un risque évident que la Russie soit contrainte de réduire, voire d’arrêter ses exportations de gazole », avertit l’analyste.
Vers 09h50 GMT, le baril de Brent pour livraison en novembre s’établissait à 69,38 dollars, en progression de 1,80 %. Le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en octobre, gagnait 2,94 %, à 65,89 dollars. Cette forte hausse s’explique en partie par le faible volume des échanges aux États-Unis la veille, en raison du jour férié de la fête du Travail.
Aux yeux des investisseurs, le marché reste tendu ,les exportations hebdomadaires de pétrole russe ont chuté à leur plus bas niveau en quatre semaines, à 2,72 millions de barils par jour.
La hausse des prix s’inscrit également dans un contexte de rivalités diplomatiques. Les États-Unis ont récemment imposé des surtaxes sur les achats de pétrole russe par l’Inde. Pourtant, Vladimir Poutine et le Premier ministre indien Narendra Modi ont affiché leur proximité lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Chine, un geste perçu comme une bravade face aux pressions américaines.
« Compte tenu de l’atmosphère positive qui régnait entre Poutine, Modi et Xi Jinping, Trump devrait maintenir la pression sur l’Inde », commente Arne Lohmann Rasmussen. L’absence de rencontre directe entre Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky laisse planer un doute sur l’éventualité d’un accord à court terme.
La réunion imminente des huit membres de l’OPEP+ qui ont récemment relevé leurs quotas de production sera scrutée par les marchés. Selon Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, « nous nous attendons à ce qu’ils maintiennent leur objectif de production inchangé », soulignant que la demande tend à diminuer à l’approche du quatrième trimestre.
La volatilité des prix du pétrole devrait se poursuivre à court terme. Les tensions géopolitiques, conjuguées à l’affaiblissement du dollar et aux perturbations des flux russes, rendent le marché très sensible. Les investisseurs sont invités à privilégier des entreprises disposant de capacités flexibles de stockage et de garanties d’approvisionnement à long terme, tout en surveillant de près les évolutions de la chaîne logistique et des relations internationales.