Les médias liés aux Frères musulmans ont montré un enthousiasme croissant pour les résultats obtenus jusqu’à présent par le candidat démocrate américain à la présidentielle, Joe Biden, dans l’espoir d’obtenir des avantages politiques de sa victoire éventuelle.
A un moment où Joe Biden semble se rapprocher de plus en plus de la victoire. Les Frères musulmans estiment qu’en cas de victoire du candidat démocrate, ils pourront revivre les mêmes expériences vécues à l’époque où le chef de la Maison Blanche était Barack Obama, avec une référence particulière aux printemps arabes. Cependant, selon certains analystes, l’ère Obama est désormais révolue et il sera en fait difficile pour la Fraternité d’obtenir les mêmes résultats que par le passé.
Jusqu’à présent, les médias des Frères musulmans n’ont pas été les seuls à célébrer l’initiative de Biden. Les Iraniens les accompagnaient, à la lumière de la campagne de «siège» menée par l’administration Donald Trump ces dernières années, qui a empêché Téhéran d’exporter son pétrole avec de graves conséquences pour son économie. L’espoir, donc, est de restaurer la « clémence » dont l’Iran jouissait pendant « l’ère Obama ».
Les militants pro-islamistes et les professionnels des médias en Égypte, en Tunisie, au Yémen et dans les États du Golfe n’ont pas caché leurs prières pour la victoire de Biden, tout en se moquant des déclarations de l’opposant Trump et des allégations de fraude. « C’est comme si Biden était le candidat des Frères musulmans et non le candidat des démocrates américains », précise le journal, selon lequel, parmi les avantages espérés par le groupe islamiste figure la libération de membres des Frères musulmans par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sisi. Le dernier, depuis la déposition de l’ancien président élu Mohamed Morsi, qui a eu lieu le 3 juillet 2013, il a promu une campagne de répression contre les Frères musulmans, déclarés organisation terroriste en décembre de la même année. Un autre espoir du groupe islamiste est la fin du blocus imposé au Qatar à partir du 5 juin 2017.
Biden a été présenté par les Frères musulmans comme un partisan de l’islam et des musulmans, et il a été souligné qu’il a cité à plusieurs reprises les hadiths du prophète et était un opposant à l’islamophobie. Des associations islamiques américaines, telles que la Société islamique d’Amérique du Nord (ISNA) et le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), liées aux Frères musulmans ou considérées comme proches de celles-ci, ont promu la candidature de Biden auprès de la population américaine et participé à la sa campagne électorale aux niveaux national et étatique.
Cependant, certains analystes affirment qu’il sera difficile pour les Frères musulmans et leurs partisans, en particulier le Qatar, de récupérer les mêmes avantages dont ils ont bénéficié pendant la période Obama, en raison des changements survenus dans la région ces dernières années. À cet égard, le président al-Sissi, par exemple, est devenu un acteur actif dans la conclusion d’accords sur de nombreuses questions, y compris les dossiers libyen, palestinien et soudanais, ou même dans la nouvelle voie de normalisation entre Israël et la région du golfe Persique.
Par ailleurs, la stratégie que Joe Biden entend adopter au Moyen-Orient en cas de victoire n’est pas encore claire. Cependant, quoi qu’il en soit, disent les analystes, cela ne va pas à l’encontre des intérêts des États-Unis et il est peu probable que cela va à l’encontre des récents changements qui ont eu lieu, juste pour plaire aux Frères musulmans, au Qatar ou à tout autre acteur de la région du Moyen-Orient. Par ailleurs, Biden devra d’abord se concentrer sur la situation interne des Etats-Unis et devra œuvrer pour rassurer l’opinion publique américaine sur la gravité des réformes sociales qu’il entend mettre en place.
Ellen Laipson, ancienne haut fonctionnaire américaine et actuelle directrice des études de sécurité à l’Université George Mason, pense que Biden travaillera pour restaurer la confiance aux États-Unis avant de naviguer dans les eaux du Moyen-Orient. Dans un article publié par le site Web d’opinion Syndication Bureau, Laipson a souligné que le Moyen-Orient n’est pas l’endroit le plus urgent pour réparer les alliances américaines, par rapport à l’Europe et à l’Asie. Cependant, selon l’ancien responsable, « Biden sera en mesure de rétablir les relations avec les principaux dirigeants du Moyen-Orient, à l’exception probable de l’Arabie saoudite ».
En ce qui concerne les relations avec l’Iran, selon certains analystes, cela représentera également un «test décisif» pour l’éventuelle administration Biden. Dans ce cas, il ne suffira pas de restaurer l’engagement des États-Unis à l’égard de l’accord nucléaire de 2015. Les experts en non-prolifération nucléaire de l’administration Biden pourront proposer des amendements à l’accord et travailler avec des alliés pour le préserver, mais le comportement régional de l’Iran continuera à être évalué par des responsables régionaux des départements d’État et de la Défense.