En réponse aux violentes émeutes secouant l’archipel calédonien depuis lundi, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a pris la décision « sans aucune consultation » d’interdire TikTok sur l’ensemble du territoire, selon une annonce faite par le Premier ministre, Gabriel Attal, mercredi soir. Cette mesure s’inscrit dans un ensemble de dispositions visant à rétablir l’ordre. Des élus locaux ont relayé sur les réseaux sociaux que l’application chinoise était ciblée en raison de la diffusion présumée de « messages de haine et d’appels à la violence ».
La plateforme, propriété de ByteDance, a vivement réagi, déplorant qu’une décision administrative aussi drastique ait été prise sans consultation préalable ni demande de retrait de contenu émanant des autorités locales ou du gouvernement français. TikTok France a souligné jeudi auprès de ‘France Inter’ que ses équipes travaillent activement pour garantir la sécurité de la plateforme et se tiennent disponibles pour des discussions avec les autorités.
Cette suspension de TikTok en Nouvelle-Calédonie a été rendue possible grâce à la proclamation de l’état d’urgence, combinée à la présence d’un unique opérateur télécoms dans la région, permettant au gouvernement de prendre des mesures exceptionnelles pour restreindre certaines libertés publiques en situation d’urgence.
La décision a suscité une vague de critiques, notamment de la part de Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, qui a dénoncé une interdiction « inédite dans une démocratie européenne », qualifiant la situation de « fait colonial » et exprimant son désaccord avec les restrictions imposées. Par ailleurs, La Quadrature du Net a condamné le blocage de TikTok, appelant le Conseil d’État à suspendre la décision du gouvernement français, tandis que la Ligue des droits de l’Homme a déposé une plainte contre cette mesure.
Ces événements surviennent dans un contexte tendu en Nouvelle-Calédonie, marqué par des affrontements liés à une réforme controversée du corps électoral local, avec un bilan tragique de cinq morts, dont deux gendarmes. Le gouvernement français s’est engagé à « rétablir l’ordre dans les plus brefs délais », tout en soulignant la persistance d’une situation « très tendue » dans l’archipel du Pacifique Sud.