Le vendredi 28 juin, au matin, plusieurs dizaines de millions d’Iraniens se sont rendus aux urnes pour élire leur prochain président parmi quatre candidats, dont le réformateur Massoud Pezeshkian, donné favori dans les sondages. Cette élection s’est tenue dans un contexte particulier, marqué par la mort accidentelle d’Ebrahim Raïssi le mois précédent. La campagne, initialement sans passion, a gagné en intensité, suscitant un intérêt accru des électeurs.
La présence de Pezeshkian, un réformateur de 69 ans, a redonné espoir aux camps réformateur et modéré, marginalisés ces dernières années par les conservateurs. Ses adversaires principaux incluent Mohammad Bagher Ghalibaf, président conservateur du Parlement, et Saïd Jalili, ancien négociateur ultraconservateur du nucléaire. La participation, selon les observateurs, a été plus importante que lors de la présidentielle de 2021, où le taux d’abstention avait atteint un record de 51%.
Comme à son habitude, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a inauguré les opérations de vote dès 08H00 (04H30 GMT), appelant les Iraniens à participer massivement au scrutin. « Le jour des élections est un jour de joie et de bonheur pour nous, Iraniens », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de voter.
Les électeurs, séparés par sexe, se sont présentés dans les 58.640 bureaux de vote à travers le pays, de la mer Caspienne au nord au Golfe au sud. L’élection a été organisée rapidement après le décès de Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai. Ce scrutin est suivi avec attention à l’international, étant donné le rôle crucial de l’Iran au Moyen-Orient et dans diverses crises géopolitiques.
Massoud Pezeshkian, un médecin d’origine azérie, a su captiver l’attention grâce à son discours direct et son image discrète. Il affronte Ghalibaf et Jalili, représentant respectivement les factions conservatrices et ultraconservatrices. Le réformateur Pezeshkian pourrait surprendre si la participation est élevée, ce qui n’était pas le cas lors des élections précédentes, souvent boudées par la moitié de l’électorat.
Les débats ont abordé des sujets cruciaux comme l’accord nucléaire de 2015, la politique étrangère et les sanctions économiques. Pezeshkian a appelé à relancer l’accord pour lever les sanctions affectant l’économie iranienne. La question du port du voile obligatoire a également été un point de débat, avec des candidats prenant leurs distances vis-à-vis des interpellations policières musclées des femmes refusant de porter le hijab.
Les résultats officiels sont attendus au plus tard dimanche, avec des estimations prévues dès samedi. Si aucun candidat ne recueille plus de la moitié des suffrages, un second tour se tiendra le 5 juillet. L’issue de cette élection pourrait signaler un changement significatif dans le paysage politique iranien, dépendant largement de la mobilisation et du soutien populaire pour le réformateur Pezeshkian.