La récente arrestation de Fathimath Shamnaz Ali Saleem, secrétaire d’Etat à l’Environnement des Maldives, pour des accusations de sorcellerie met en lumière les tensions entre tradition et modernité dans cet archipel de l’océan Indien. Cet événement révèle non seulement les croyances persistantes en la magie noire, mais aussi les dynamiques politiques et sociales complexes dans ce pays touristique prisé.
L’arrestation de Fathimath Shamnaz Ali Saleem survient dans un contexte politique tendu. Accusée d’avoir jeté un sort au président Mohamed Muizzu, elle est soupçonnée d’avoir utilisé la magie noire pour obtenir un poste influent. Cette affaire illustre les rivalités politiques et les tentatives de consolidation de pouvoir au sein du gouvernement maldivien. Le fait que cette accusation émane d’un ex-mari ayant obtenu le poste convoité ajoute une dimension personnelle et dramatique à cette situation.
La sorcellerie, bien que souvent perçue comme une pratique archaïque, reste profondément ancrée dans la culture maldivienne. Les cérémonies traditionnelles sont couramment utilisées pour attirer des faveurs ou nuire à des adversaires. Ces croyances, bien que souvent ignorées dans les discours modernes, peuvent mener à des situations tragiques. L’incident de 2023, où une femme accusée de sorcellerie a été poignardée, démontre les conséquences potentiellement violentes de ces superstitions.
Aux Maldives, deux systèmes juridiques coexistent : le droit pénal et la charia. Si la sorcellerie n’est pas explicitement punie par le code pénal, elle l’est par la loi islamique, qui prévoit une peine de six mois de prison pour ceux reconnus coupables de jeter des sorts. Cette dualité juridique crée une zone grise dans laquelle les accusations de sorcellerie peuvent être manipulées pour des gains politiques ou personnels.
L’arrestation de la secrétaire d’Etat à l’Environnement intervient à un moment critique pour les Maldives, qui font face à des défis environnementaux majeurs. La montée du niveau de la mer menace directement l’existence de l’archipel. L’absence de Fathimath Shamnaz Ali Saleem pourrait avoir des répercussions sur les efforts du pays pour lutter contre le changement climatique. La gestion de cette crise environnementale requiert une attention et une action concertées, qui pourraient être entravées par ces perturbations politiques.
La situation actuelle aux Maldives est également marquée par des répressions régulières contre les droits de l’homme. Les ONG, y compris Amnesty International, dénoncent l’utilisation excessive de la force par la police et les représailles contre les défenseurs des droits humains. Ces actions répressives compliquent davantage la scène politique et sociale, rendant difficile la promotion d’un environnement de justice et de respect des droits de l’homme.
L’affaire de Fathimath Shamnaz Ali Saleem met en évidence les défis complexes auxquels les Maldives sont confrontées, mêlant croyances traditionnelles, rivalités politiques, impératifs environnementaux et droits de l’homme. Cette situation illustre la nécessité pour le pays de naviguer prudemment entre ces divers aspects pour assurer une gouvernance stable et une réponse efficace aux défis environnementaux urgents.