Au moins 100 étudiants ont été blessés lors d’affrontements violents au Bangladesh, opposant des manifestants anti-quotas et des partisans du système actuel de quotas dans la fonction publique. Ces affrontements ont marqué une nouvelle escalade dans les protestations qui secouent le pays depuis début juillet.
Les manifestations contre les quotas ont pris une ampleur nationale, avec des milliers d’étudiants descendant dans les rues de plusieurs villes pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un système discriminatoire. Pour la première fois, des affrontements ont éclaté entre les manifestants anti-quotas et les étudiants proches de l’Awami League, le parti au pouvoir dirigé par la Première ministre Sheikh Hasina.
Le système de quotas en vigueur au Bangladesh réserve 30% des postes de fonctionnaires aux enfants des combattants de la guerre d’indépendance de 1971, 10% aux femmes, et 10% à des districts spécifiques. En outre, 6% des postes sont réservés aux minorités ethniques et aux personnes handicapées. Les étudiants protestataires estiment que seuls ces derniers quotas sont justifiés et demandent l’abolition des autres, qu’ils jugent injustes et discriminatoires.
La semaine précédente, la plus haute juridiction du Bangladesh a suspendu pour un mois l’application des quotas pour les postes les plus prisés de la fonction publique, une décision saluée par les manifestants anti-quotas mais qui n’a pas apaisé les tensions sur le terrain.
La violence a éclaté sur le campus universitaire de Dacca, où des centaines d’étudiants se sont affrontés en lançant des pierres et des bombes à essence, et en se battant avec des bâtons et des barres de fer. La police a rapporté que les étudiants favorables aux quotas étaient en grande partie des membres ou des sympathisants de l’Awami League.
Les témoins ont décrit des scènes chaotiques où les forces de l’ordre ont eu du mal à contenir les deux camps. Ces violences ont mis en lumière la profonde division au sein de la société bangladaise sur la question des quotas, exacerbant les tensions politiques et sociales.
Les affrontements de lundi ont des implications politiques significatives. Le gouvernement de Sheikh Hasina est désormais confronté à une pression croissante pour réformer ou abolir le système de quotas, tout en maintenant le soutien de sa base politique qui profite de ces mesures.
Les étudiants anti-quotas insistent sur la nécessité d’une sélection basée sur le mérite plutôt que sur des critères historiques ou géographiques, ce qui, selon eux, permettrait une distribution plus juste des opportunités dans la fonction publique. De leur côté, les défenseurs des quotas soutiennent que ces mesures sont essentielles pour corriger les inégalités historiques et promouvoir une représentation équitable des diverses composantes de la société bangladaise.
La situation reste volatile et l’avenir du système de quotas est incertain. Le gouvernement doit trouver un équilibre délicat entre répondre aux revendications des étudiants protestataires et maintenir un système perçu comme bénéfique par une partie significative de la population.
Ces événements soulignent également les défis plus larges auxquels le Bangladesh est confronté en matière de gouvernance, de justice sociale et de gestion des conflits politiques. Alors que le pays continue de se développer économiquement, la manière dont il gérera ces tensions internes déterminera en grande partie sa trajectoire future.