La récente libération du journaliste libyen Ahmed Sanussi, après trois jours de détention, a suscité à la fois soulagement et inquiétude quant à l’état de la liberté de la presse en Libye. Connu pour son travail d’investigation économique, Sanussi a été arrêté par les services de sécurité intérieure peu après son retour de Tunis, où il réside.
Selon la chaîne libyenne al-Wasat, où Sanussi présente l’émission « Flousna » (notre argent), il a été interrogé par le procureur général avant d’être relâché, sans que des détails sur les raisons de son arrestation ne soient fournis. Une photo le montrant souriant à la sortie du parquet de Tripoli, entouré de proches, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux.
Ahmed Sanussi s’est fait connaître ces dernières années comme lanceur d’alerte, dénonçant régulièrement les malversations et abus des autorités et organismes publics libyens, y compris le ministère de l’Économie. Sa détention a soulevé des inquiétudes tant au niveau national qu’international, quant à la répression potentielle contre les journalistes et les défenseurs de la transparence en Libye.
Les États-Unis ont rapidement salué la libération de Sanussi, soulignant l’importance de permettre aux journalistes de travailler sans crainte de détention arbitraire. Dans un communiqué, l’ambassade américaine à Tripoli a rappelé que « une presse libre joue un rôle essentiel en favorisant l’échange d’idées et en promouvant la transparence et la responsabilité, qui seront essentielles au succès de la transition démocratique en Libye. »
La Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) avait également exprimé sa « profonde préoccupation » et appelé à la libération immédiate de Sanussi, rejoignant ainsi les multiples appels et condamnations d’organisations et de personnalités libyennes et étrangères.
La Libye, plongée dans l’insécurité et les divisions depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, est actuellement gouvernée par deux exécutifs rivaux : l’un à Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, et l’autre dans l’Est, affilié au maréchal Khalifa Haftar. Dans ce contexte politique fragmenté, la détention de Sanussi met en lumière les défis auxquels sont confrontés les journalistes libyens et l’importance cruciale de protéger la liberté de la presse pour assurer une transition démocratique réussie.
La libération d’Ahmed Sanussi est certes un pas positif, mais elle rappelle également les fragilités du système de justice et de gouvernance en Libye. Pour que la presse libre puisse vraiment jouer son rôle, il est impératif que les autorités libyennes s’engagent fermement à respecter et à protéger les droits des journalistes, indépendamment des pressions politiques et des divisions internes.