Un tribunal espagnol a convoqué le Premier ministre Pedro Sánchez pour témoigner le 30 juillet 2024 dans le cadre d’une enquête sur des accusations de corruption et de trafic d’influence concernant son épouse, Begoña Gómez. Cette convocation intervient au moment où le gouvernement dirigé par Sánchez fait face à une pression croissante.
L’enquête a été ouverte suite à des allégations selon lesquelles Begoña Gómez aurait abusé de la position politique de son mari pour obtenir des avantages, notamment en ce qui concerne des relations professionnelles avec Juan Carlos Barrabés, un homme d’affaires dont les entreprises ont sollicité des aides publiques. La plainte initiale émane de Manos Limpias, un groupe d’extrême droite, et a été renforcée par une autre plainte de l’association Hazte Oír.
La convocation de Pedro Sánchez a suscité des réactions divergentes. Le Parti socialiste, dirigé par Sánchez, dénonce cette procédure comme une « persécution politique » orchestrée par l’extrême droite et le Parti populaire (PP), accusant ces partis de tenter de déstabiliser le gouvernement. En revanche, l’opposition, représentée par le PP et Vox, a profité de la situation pour critiquer vivement l’exécutif. Borja Semper du PP a pointé le manque de transparence, tandis que Santiago Abascal de Vox a salué l’enquête comme une occasion de mettre fin à ce qu’il considère comme le « gouvernement le plus corrompu de l’histoire ».
Cette affaire met en lumière les défis auxquels sont confrontés les dirigeants politiques lorsqu’ils doivent gérer des enquêtes judiciaires touchant leurs proches. Elle révèle également la polarisation croissante du paysage politique espagnol, où les scandales sont souvent exploités pour renforcer les positions partisanes. Pedro Sánchez, ayant suspendu ses activités lors de l’ouverture de l’enquête, a dénoncé une campagne médiatique biaisée, exposant ainsi les tensions entre l’exécutif et l’opposition.
La résolution de cette enquête pourrait avoir des répercussions majeures sur la stabilité du gouvernement. Si les accusations sont confirmées, cela pourrait entraîner une crise politique significative et des appels à la démission du Premier ministre. En revanche, si les accusations sont jugées infondées, cela pourrait renforcer la position de Sánchez et démontrer que son administration a été la cible d’une attaque politique orchestrée. La présidente du parlement socialiste, Patxi López, a déclaré à la presse : « Il est clair que cette affaire est un exemple flagrant d’une persécution orchestrée par la droite contre le Premier ministre. »
Ce n’est pas la première fois qu’un Premier ministre espagnol est appelé à témoigner dans une affaire judiciaire. Mariano Rajoy avait été cité comme témoin en 2017 dans une affaire de corruption qui a conduit à la condamnation de plusieurs membres du Parti populaire et à une motion de censure en 2018.