Le 27 septembre 2024, la justice britannique a prononcé des peines de prison ferme contre deux militantes du mouvement Just Stop Oil, Phoebe Plummer et Anna Holland, pour avoir jeté de la soupe sur le célèbre tableau Les Tournesols de Vincent Van Gogh à la National Gallery de Londres. Cette décision soulève des questions préoccupantes concernant la réponse judiciaire aux actions de désobéissance civile et les implications pour le mouvement écologiste en général.
Les deux militantes ont mené leur action le 14 octobre 2022, dans un contexte où l’urgence face au changement climatique est devenue de plus en plus pressante. Just Stop Oil, qui plaide pour l’arrêt immédiat de tous nouveaux projets pétroliers et gaziers au Royaume-Uni, a cherché à attirer l’attention du public sur ce qu’elles considèrent comme une crise climatique inacceptable. En utilisant des méthodes provocatrices, telles que s’en prendre à des œuvres d’art emblématiques, ces militantes visent à susciter un débat sur les priorités sociétales et environnementales.
Phoebe Plummer, 23 ans, a été condamnée à deux ans de prison, tandis qu’Anna Holland, 22 ans, a écopé de 20 mois. « Vous n’aviez pas le droit de faire ce que vous avez fait aux Tournesols », a estimé le juge Christopher Hehir, qui a condamné les deux jeunes femmes. « La soupe aurait pu s’infiltrer à travers le verre » et endommager, « voire détruire » le célèbre tableau, a-t-il ajouté.
De son côté, l’ONG Greenpeace a immédiatement dénoncé une « peine disproportionnée pour une manifestation qui a causé des dommages mineurs à un cadre entourant l’œuvre de 1888, protégée par une vitre de tableau et aucun à la toile elle-même »..
Le jugement a été rapidement suivi par d’autres actions de protestation similaires, témoignant de la détermination des militants à poursuivre leur lutte. Dans un nouvel acte de défi, d’autres membres de Just Stop Oil ont à nouveau aspergé des tableaux de Van Gogh, confirmant leur engagement envers leur cause, malgré les risques juridiques. Cette réaction pourrait être interprétée comme un signe de la résilience et de l’adaptabilité du mouvement face à une répression qui semble, selon ses membres, de plus en plus systématique.
Cette situation met en évidence les tensions entre l’urgence d’entreprendre des actions en faveur du climat et la réaction judiciaire à l’égard de ces initiatives. À une époque où la crise climatique exige des mesures audacieuses et rapides, la criminalisation des actions de désobéissance civile pourrait décourager les futurs militants tout en exacerbant le sentiment d’urgence. L’ONG Greenpeace a signalé que cette répression pourrait avoir un effet dissuasif sur la participation civique dans des mouvements cherchant à provoquer un changement positif.
La condamnation des deux militantes écologistes représente non seulement une sanction individuelle, mais aussi un tournant potentiel dans la manière dont les gouvernements répondent aux actions de protestation pour le climat. Alors que les défis environnementaux s’intensifient, le dialogue entre les gouvernements, les institutions culturelles et les mouvements sociaux doit évoluer pour favoriser des solutions constructives plutôt que des répressions sévères. L’avenir du militantisme écologique pourrait dépendre de cette capacité à s’engager dans un dialogue équilibré et respectueux entre toutes les parties prenantes.